Après plusieurs tentatives avortées, Safran et Zodiac Aerospace se rapprochent enfin de la fusion. Safran a annoncé le lancement d’une offre publique d’achat amicale sur l’équipementier français le 19 janvier, le valorisant à 10 milliards d’euros. Sous réserve de l’adhésion des actionnaires à l’offre, la transaction devrait être finalisée au quatrième trimestre 2017, pour une fusion effective au premier trimestre 2018.
Elle donnera ainsi naissance à un groupe pesant 21,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et réalisant un résultat opérationnel de 2,7 milliards d’euros. Safran deviendra le numéro 3 mondial dans l’aéronautique (hors avionneurs), derrière UTC et GE, et le numéro 2 dans le secteur des équipements, derrière UTC. Il emploiera 92 000 personnes, dont 45 000 en France, et devrait pouvoir dégager 200 millions d’euros de synergies annuelles.
Une diversification des activités et des implantations pour Safran
Safran n’avait jamais caché son intérêt pour Zodiac Aerospace, qui présente l’avantage d’être positionné sur les technologies de pointe et d’avoir un positionnement de Tier 1 dans l’industrie aéronautique, a expliqué Philippe Petitcolin, le président du groupe, lors de la conférence de presse organisée pour annoncer le projet. Ce qui s’inscrit parfaitement dans la stratégie du groupe Safran, qui consiste à se renforcer dans l’aéronautique et la défense – d’où la vente la division sécurité (Morpho) en 2016.
En plus d’avoir une activité parfaitement complémentaire à la sienne, Zodiac Aerospace a un développement international et une base de coûts en dollars très attractifs pour Safran, qui est davantage centré sur la France. Son positionnement sur les équipements aéronautiques permet également de rééquilibrer l’activité du groupe entre les moteurs et les équipements. De même, « nous serons moins dépendants du marché court et moyen-courrier et des SFE [Seller- Furnished Equipments] », commente Philippe Petitcolin.
Enfin, les compétences de Zodiac Aerospace dans les systèmes électriques viennent renforcer le portefeuille de technologies de Safran, asseyant la position du groupe sur l’avion plus électrique.
L’adossement à un groupe puissant pour Zodiac
Zodiac Aerospace en revanche n’a pas toujours bien reçu les avances du groupe et la dernière tentative de rapprochement en 2010 s’était soldée par un échec. Qu’est-ce qui a changé ? D’abord, Zodiac Aerospace n’est plus dans la même situation, son activité d’intérieurs cabine étant fortement grevée par les difficultés de livraison des sièges et des systèmes de toilettes – un secteur dont le rapprochement pourrait accélérer le redressement. Mais s’« il y a eu des vents contraires sur le plan industriel de ces deux dernières années, ce n’est pas pour cette raison que nous avons accepté ce projet qui est présenté aujourd’hui », affirme Olivier Zarrouati, président de Zodiac Aerospace appelé à devenir directeur général délégué de Safran. « Il apporte un adossement industriel. Il apporte la taille et la puissance d’un groupe qui pèse. »
Expliquant que la stratégie jusqu’à présent était de développer Zodiac Aerospace seul car elle avait toujours été la solution la plus performante, il a reconnu que cette nouvelle offre de Safran « était meilleure que ce que nous pourrions faire en stand alone ».
Didier Domange, membre de l’une des familles actionnaires et président du conseil de surveillance de Zodiac Aerospace, a commenté : « je ne répéterai pas tout à fait les mots que j’avais employés à l’époque. Vos prédécesseurs n’avaient pas bien compris l’affection que peuvent avoir des familles pour une société qu’elles ont développée, entretenue et mondialement étendue. Et puis le monde a changé, nous sommes petits, puisque nous faisons le tiers du chiffre d’affaires de Safran, et nous avons besoin d’un adossement. Je pense que vous pourrez nous l’apporter. »
Safran et Zodiac Aerospace lancent ainsi un nouveau volet de consolidation dans le secteur des équipementiers aéronautiques, après la fusion des deux géants américains Rockwell Collins et B/E Aerospace fin 2016.