L’année 2019 a plutôt mal commencé pour Germania. Prête à remettre en cause son modèle, la compagnie allemande avait officiellement reconnu sa faiblesse le 8 janvier et annoncé qu’elle était à la recherche d’un financement. Elle l’a trouvé. C’est ce qu’elle a indiqué le 19 janvier, sans spécifier auprès de qui mais en précisant que l’engagement de ses nouveaux partenaires allait au-delà des 15 millions d’euros qu’elle recherchait en urgence, couvrant ses besoins en liquidités à court terme et assurant sa survie de façon pérenne. Elle devrait toucher ses nouveaux fonds durant la semaine.
Germania avait tiré la sonnette d’alarme le 8 janvier. Dans un contexte mouvementé pour l’industrie du transport aérien en 2018, elle a souffert de la hausse des prix du pétrole sur la majeure partie de l’année, de la faiblesse de l’euro par rapport au dollar mais aussi d’événements de maintenance beaucoup plus nombreux que d’habitude, un problème plus interne. Elle en était arrivée à réfléchir sur sa capacité à rester une compagnie indépendante entourée de concurrentes appartenant à des structures plus larges.
Deux semaines plus tard, le ton de Karsten Balke, le CEO du groupe, se fait donc plus optimiste et tente de rassurer ses clients. Il souligne que le niveau des réservations est bon pour les prochains mois et pour l’été, meilleur qu’en 2018. En revanche, si Germania doit « intensifier et optimiser » les développements stratégiques et structurels déjà entrepris, elle pourra également les « ajuster » si nécessaire.
Ils concernent notamment la flotte. Notamment connue pour faire la navette entre les usines d’Airbus à Toulouse et Hambourg, Germania attend en effet la livraison de 25 A320neo, acquis en 2016 dans le cadre d’une commande directe assortie d’options pour quinze appareils. Ils doivent remplacer les 737 de la compagnie allemande pour passer à une flotte tout-Airbus avec une étape intermédiaire : les 737-700 sortent progressivement depuis avril 2018 (jusqu’en avril 2019), remplacés par des A320ceo, qui seront eux-mêmes remplacés par les monocouloirs remotorisés. Selon le calendrier initial, dix A320neo doivent être livrés au premier semestre 2020, puis cinq en 2021 et dix en 2022. Ils seront motorisés par Pratt & Whitney.
Germania a par ailleurs poursuivi sa politique d’expansion, qui ne concerne pas uniquement son propre réseau au départ d’Allemagne. Après l’échec de Gambia Bird en Afrique, elle s’est dotée de deux filiales : Germania Flug en Suisse (2014) et la société ACMI Bulgarian Eagle en Bulgarie (2017). Autant de décisions qui ont dû fragiliser ses finances ces dernières années. Si la compagnie ne publie pas ses résultats annuels, ses déclarations obligatoires indiquent que la compagnie est déficitaire depuis plusieurs années, notamment en 2016 à hauteur de 32 millions d’euros.