L’heure n’est pas à la dispersion chez ATR. Confronté aux difficultés persistantes de la chaîne d’approvisionnement et jugeant que ses produits actuels ont des capacités suffisantes pour couvrir les besoins élargis des opérateurs, l’avionneur franco-italien a décidé de recentrer ses forces sur son portefeuille de produits actuel et d’abandonner le programme d’ATR 42 à décollage et atterrissage courts (STOL), baptisé ATR 42-600S.
« L’examen approfondi des conditions de marché, des progrès technologiques et des projections futures ont fait état d’un marché potentiel réduit pour cette variante par rapport aux prévisions initiales », affirme l’avionneur dans un communiqué. Alors que l’ATR 42-600S avait été développé pour élargir le marché d’ATR à environ 500 aéroports dotés de pistes très courtes (par exemple sur des îles), des pistes ont pu être allongées ou des aéroports alternatifs construits qui ont considérablement réduit le besoin. « Si le marché potentiel de l’ATR 42-600S s’en trouve réduit, la gamme de produits existants du constructeur peut en revanche y être opérée à pleine capacité », ajoute ATR.
L’ATR 42-600 devait en effet être capable d’atterrir sur des pistes de 800 m (contre 1 000 m pour la version standard), certes avec une limitation de l’emport mais surtout grâce à plusieurs modifications importantes apportées aux systèmes et aux équipements de l’appareil (ordinateur multifonctionnel de nouvelle génération, système de freinage automatique, aérofreins au sol). Le plus visible devait être l’intégration d’une nouvelle gouverne de direction – plus large pour un meilleur contrôle à basse vitesse. L’appareil devait également être équipé d’une nouvelle variante du PW127 de Pratt & Whitney Canada, le PW127XT-L, doté d’un régime de poussé plus élevé au décollage que la version utilisée sur ATR 72-600. Cette variante avait été certifiée par Transport Canada en octobre 2023.
Annoncé en 2017 puis officiellement lancé en octobre 2019, le programme n’avait officiellement enregistré des commandes que pour une vingtaine d’appareils, notamment de la part d’Air Tahiti – cliente de la première heure – et de PNG Air – qui devait être compagnie de lancement. Le premier appareil devait initialement entrer en service en 2022.
Nathalie Tarnaud Laude, la présidente exécutive d’ATR, explique que l’avionneur va désormais se concentrer sur l’amélioration de sa gamme de produits existante et affirme que ses équipes ont « identifié une série d’améliorations produits visant à réduire davantage les coûts d’exploitation et à accroître la disponibilité de nos appareils », sans donner plus de détails mais en affirmant être déjà en train de travailler avec ses fournisseurs et avoir établi « des plans d’actions concrets ».
ATR va également continuer de jeter ses forces dans la pénétration du marché de l’Amérique du Nord, où les flottes régionales vieillissent et les liaisons régionales se renforcent.