Après plus de vingt ans de bons et loyaux services, Ariane 5 s’apprête à laisser progressivement la place à Ariane 6, avant de tirer sa révérence. ArianeGroup et sa filiale Arianespace ont ainsi annoncé, le 9 janvier, la commande du dernier lot de lanceurs Ariane 5. Les retombées économiques de cette opération sont estimées à plus d’un milliard d’euros pour l’industrie spatiale européenne.
Baptisé « lot PC », il comprend dix Ariane 5 qui seront lancées à partir de 2020. Ils doivent assurer la transition avec Ariane 6, dont le premier vol est prévu mi-2020 et qui doit atteindre sa pleine capacité opérationnelle en 2023. Le nombre de tirs d’Ariane 5 devrait donc progressivement diminuer au cours de ces trois années, tandis que ceux d’Ariane 6 augmenteront.
Le lot PC s’ajoute au lot PB+ de dix-huit Ariane 5, commandé en 2013. Compte tenu des lancements déjà effectués, ArianeGroup annonce qu’il y a encore vingt-trois Ariane 5 en production ou à produire. Les lanceurs tirés à partir de 2020, donc essentiellement ceux du lot PC, bénéficieront d’une capacité d’emport accrue de 250 kg.
Cette commande fait suite aux avancées réalisées par Ariane 6 récemment, avec notamment le passage de la « Maturity Gate 6.2 » en décembre 2017. Cette étape de maturation industrielle a marqué le lancement de la production du premier lanceur Ariane 62 – version d’Ariane 6 avec deux propulseurs d’appoint contre quatre pour Ariane 64 – bon de vol. Outre l’aspect industriel, le programme Ariane 6 est soumis à la revue « Exploitation Readiness Key Point » (ERKP) de l’Agence spatiale européenne (ESA). Elle doit confirmer que toutes les conditions pour la commercialisation et la production en série du futur lanceur sont réunies. Menée entre octobre et décembre 2017, sa conclusion est attendue en mars prochain.
Un carnet de commande rempli
Par ailleurs, Arianespace a fait le point sur l’année passée et ses prévisions pour 2018. L’opérateur de systèmes de lancement a effectué onze tirs en 2017 depuis le Centre spatial guyanais (CSG) : six avec Ariane 5 (qui a enregistré un 82e succès de rang en décembre avec la mise sur orbite de quatre satellites Galileo), trois avec Vega et deux avec Soyouz. En tout, vingt satellites ont ainsi été mis sur orbite.
Arianespace a aussi rempli son carnet de commandes avec dix-neuf tirs contractualisés pour la mise sur orbite de vingt-sept satellites. C’est six de mieux qu’en 2016. Ariane 5 reste la valeur sûre avec huit lancements de plus, ce qui porte son total à dix-huit. Il ne reste donc plus que cinq lanceurs à commercialiser sur les 23 commandés. Ariane 6 a remporté son premier succès commercial, avec la Commission européenne : elle réalisera deux tirs pour mettre sur orbite des satellites Galileo. En dehors des Ariane, Arianespace a vendu cinq lancements Soyouz de plus (pour un total de vingt-neuf), trois Vega C et un Vega (pour un total cumulé de neuf).
La cadence de tir devrait d’ailleurs augmenter cette année. Arianespace a prévu d’opérer 14 lancements cette année, ce qui constituerait son record. Son manifeste se compose de sept tirs d’Ariane 5, quatre de Soyouz et trois de Vega.