Alors qu’Ariane 6 doit arriver en 2020, ArianeGroup prépare déjà l’étape suivante. Le groupe franco-européen vient de réaliser un premier essai à feu du démonstrateur de moteur-fusée à cycle à expandeur ETID (Expander-cycle Technology Integrated Demonstrator), le 14 juin, dans les installations du DLR à Lampoldshausen (Bade-Wurtemberg). Développé dans le cadre du Future Launchers Preparatory Programme (FLPP) de l’ESA, il préfigure les prochaines générations de moteurs européens.
Cet allumage initial s’est déroulé sur le banc P3.2 du DLR, avec un démonstrateur à taille réelle de L’ETID. L’essai à feu a duré a priori 120 secondes. Pour Kate Underhill, ingénieur en chef à l’ESA : « Ce premier test était important afin de confirmer le démarrage de cette conception innovante de moteur ». Il doit être suivi d’une vingtaine d’autres mises à feu de 120 secondes chacune d’ici la fin de l’année.
Plusieurs technologies – de matériels comme de matériaux – vont être testées au cours de cette campagne, telle que la fabrication additive ou l’allumage par laser. Au bout de quatre séries d’essais, de nouveaux allumeurs seront ainsi intégrés au démonstrateur. L’objectif est de trouver le meilleur rapport coût/efficacité, et de faire monter les technologies retenues en maturité.
Vers des Smart Engines européens
Le programme ETID a été lancé en 2013. Il est mené par ArianeGroup comme maître d’oeuvre en collaboration avec GNK Aerospace en Suède, APP aux Pays-Bas, Safran Aero Boosters en Belgique et Carinthian Tech Research en Autriche.
Il cherche à poser les bases d’un futur moteur d’étage supérieur de lanceur pour la classe des 10 tonnes de poussée à l’horizon 2025. Bien que complexe, notamment dans les phases d’allumage qui nécessitent une très grande précision, la technologie à cycle à expandeur permet d’obtenir de bonnes performances poussée/masse avec un coût attractif.
ETID doit ainsi préfigurer ce que sera le « Smart Engine », tel que le conçoit l’ESA dans son FLPP. Celui-ci doit permettre d’améliorer la compétitivité des futurs lanceurs européens, qui est actuellement mise à mal par le New Space et les nouveaux entrants étatiques chinois et indiens.
L’ESA et ArianeGroup semble miser sur le développement de briques technologiques, rapides à mettre au point, peu risquées et surtout économiques. Les travaux actuels pourraient profiter au moteur rallumable à cycle à expandeur Vinci, qui équipera l’étage supérieur d’Ariane 6.