Lors du salon MRO Americas, qui s’est tenu début avril à Orlando, Stan Deal plaçait la disponibilité des pièces et la robustesse de la chaîne d’approvisionnement au sommet de ses priorités. Le P-DG de Boeing Global Services (BGS) va donc pouvoir se réjouir de la nouvelle acquisition de son groupe. Il s’agit de l’équipementier KLX, spécialisé dans la distribution de pièces détachées, avec un million de références, et la fourniture de services. L’opération a été annoncée le 1er mai, pour un montant évalué à 4,25 milliards de dollars. Boeing continue ainsi à renforcer son offre de services par une intégration verticale.
Les activités – avec 2 000 employés et des centres de services dans 15 pays – seront entièrement intégrées dans Aviall, filiale de BGS dont l’activité est relativement similaire. Cette fusion permettra à la nouvelle entité de disposer d’un catalogue élargi, notamment avec l’apport de KLX sur les composites et les produits chimiques. « La combinaison des talents et des offres de produits d’Aviall et KLX nous permettra de proposer une solution complète et logique à notre chaîne de fournisseurs et nos différents clients », a ainsi déclaré Stan Deal.
Il est rejoint par Amin Khoury, P-DG de KLX : « Nos clients sont depuis longtemps à la recherche d’un fournisseur capable de répondre à pratiquement 100 % de leurs besoins en fixations, consommables et rechanges. L’association d’Aviall et de KLX Aerospace créera le plus vaste catalogue de pièces et produits pour répondre aux besoins des flottes de nos différents clients. »
Economies d’échelle
Outre l’élargissement du portefeuille de produits, BGS espère établir des synergies entre Aviall et KLX. Il vise ainsi 70 millions de dollars d’économies annuelles d’ici 2021. KLX devrait néanmoins rester basé à Miami (Floride), où se trouve son principal centre opérationnel.
Les futurs partenaires devront encore passer quelques étapes avant de célébrer leur union. Tout d’abord, KLX devra se séparer de sa branche Energy Services pour ne conserver que la partie Aerospace Solutions. Il faudra ensuite obtenir le consentement des autorités de la concurrence, comme il est de coutume. La finalisation de la transaction est attendue au troisième trimestre de cette année.
Le montant de 4,25 milliards de dollars comprend le rachat de KLX à hauteur de 63 dollars par action ainsi que la reprise de sa dette, évalué à un milliard de dollars. Il sera financé majoritairement sur fonds propres, mais un recours au crédit aura également lieu. Cette opération a semble-t-il déjà été intégrée aux prévisions de Boeing, le groupe annonçant qu’elle n’aurait pas d’impact sur son niveau de bénéfices jusqu’en 2019, avant d’y contribuer positivement par la suite.
Vers une croissance soutenue
Avec KLX, Boeing renforce donc encore un peu son ambition sur le marché des services et du soutien, comme le souligne Stan Deal : « Cette acquisition marque une nouvelle étape dans la stratégie de croissance de notre division Services, avec une solide opportunité de développer nos opérations de façon rentable tout en améliorant les services proposés à nos clients sur un marché évalué à 2 600 milliards de dollars sur 10 ans. »
Le P-DG veut ainsi passer d’un chiffre d’affaires de 16,5 milliards de dollars pour BGS en 2017, à 50 milliards sur cette période. Si un développement interne est indispensable, Stan Deal a déclaré à Orlando qu’il regardait toutes les opportunités – acquisitions, partenariats, coentreprises – afin de créer un « écosystème » pour faire le lien entre le monde industriel et opérationnel. D’autres opérations devraient donc avoir lieu dans les prochaines années.
C’est d’autant plus probable que la croissance externe apparaît clairement comme l’un des axes stratégiques actuels (et historiques) de Boeing. Outre KLX, le groupe a racheté Aurora Flight Sciences, spécialisée dans le vol autonome, en novembre 2017. Deux mois plus tard, il lançait une coentreprise avec Adient sur la conception et la production de sièges pour avions commerciaux. Enfin, il pourrait aussi se rapprocher du constructeur brésilien Embraer, même si l’opération paraît compliquée.
Il faut ajouter à cette liste les nombreux investissements et prises de participation dans des start up et des projets de rupture technologique réalisés par Boeing HorizonX et son fonds Boeing HorizonX Ventures, depuis leur création il y a un an.