« Pendant longtemps, on a dit qu’il n’y avait pas d’avenir pour la maintenance aéronautique en Europe, qu’il s’agissait d’une zone non-compétitive », déclarait Gilles Foultier, vice-président exécutif de Sabena Technics lors du salon ADS Show fin septembre. Alors que c’est désormais au tour de MRO Europe de se tenir à Amsterdam (les 17 et 18 octobre), nous pouvons nous interroger sur les capacités des sociétés du Vieux Continent à exister dans le monde de la MRO.
Certaines tendances bien ancrées laissent à penser que la part de l’Europe va se diluer dans la forte croissance actuelle du marché de la maintenance, qui devrait augmenter de 50 % sur les dix prochaines années. Cela ne serait que le miroir de ce qui se passe pour les flottes d’avions, où l’Asie prend irrémédiablement le pas sur l’Europe.
Pourtant, ce même Gilles Foultier n’hésite pas à affirmer qu’il constate actuellement une inversion de tendance, avec un retour des avions en Europe à commencer par les longs-courriers.
Plusieurs raisons apparaissent pour expliquer ce phénomène. Tout d’abord, les zones low cost peinent à absorber la forte croissance de leurs compagnies domestiques et ne peuvent donc prendre en compte aussi facilement la demande extérieure. C’est d’autant plus vrai qu’elles font face à la pénurie de personnels qualifiés qui touche toute la MRO.
Sur le plan technologique, les avions évoluent et demandent de moins en moins de travail, à l’instar des 787 et des A350. Or, l’externalisation vers des pays low cost s’avère peu rentable en dessous de 20 000 heures de maintenance. Ils demandent en revanche de plus en plus de compétences avancées, qui ne sont pas à la portée de n’importe quelle société.
Enfin les sociétés européennes ont une carte à jouer grâce à l’innovation, avec l’intégration du big data, de l’intelligence artificielle ou encore de la fabrication additive, afin d’améliorer sensiblement la disponibilité des appareils à moindre coût.
Ces perspectives ne seront néanmoins pas accessibles à tous, et le marché européen devrait continuer à se consolider autour d’OEM, de grands groupes aériens et de quelques sociétés indépendantes, les seuls disposant des ressources humaines, industrielles et technologiques indispensables.