Alors que les tablettes numériques ont largement remplacé les boulons dans les travées de MRO Europe, l’utilisation massive des données est devenue incontournable dans la maintenance. Cela pose une question : à qui appartiennent ces données ? Si certains affichent des certitudes, il suffit de voir avec quelle régularité cette interrogation revient sur le devant de la scène pour se convaincre qu’elle est encore loin d’être résolue. Et l’enjeu est de taille : Boeing estime le marché des services à 8 830 milliards de dollars sur vingt ans.
Ce débat oppose la plupart des acteurs de la MRO – équipementiers, sociétés spécialisées, etc. – aux constructeurs. Malgré leurs divergences, les premiers affirment en bloc que ces données appartiennent à ceux qui les génèrent ; c’est-à-dire aux opérateurs. Ils entendent ainsi s’assurer un accès aux données et à leur mise en valeur, face à la verticalisation des constructeurs et leur intérêt croissant pour les services. D’autant que les canaux uniques pour récupérer les données – comme le FOMAX d’Airbus – tendent à se généraliser.
En face, les avionneurs se gardent bien de revendiquer une propriété directe sur les données. Pour autant, ils n’hésitent pas se présenter comme la pierre angulaire de tout processus de valorisation. Airbus se place dans une optique de co-développement avec les opérateurs et les équipementiers pour répondre aux défis opérationnels grâce aux possibilités offertes par une plateforme ouverte comme Skywise ; développée par Airbus.
Pour Boeing Global Services, il est plus pertinent de savoir qui est le mieux placé pour créer de la valeur à partir de ces données que de savoir qui les possèdent ; c’est-à-dire Boeing. Et Embraer évoque des accords de partage des données, mais reste convaincu que le plus important est de déterminer qui peut les exploiter efficacement ; c’est-à-dire Embraer.
Sans compter qu’un autre affrontement se dessine en arrière-plan. Boeing et Airbus viennent de déclarer que leurs services concernaient tous les appareils, quel qu’en soit le constructeur. Chacun pourrait donc avoir potentiellement accès aux données de l’autre. Une situation qu’ils entendent à tout prix éviter.