Lancée en 2010, Safety Line s’est spécialisée dans le traitement des données opérationnelles pour améliorer la sécurité puis l’efficacité des opérations aériennes et aéroportuaires. La petite société française veut aujourd’hui acquérir une dimension internationale avec une levée de fonds de 3 MEUR. Elle voit ainsi le fonds Ecotechnologies (fonds de l’Ademe, géré par Bpifrance Investissement) entrer au capital en compagnie des groupes Safran et Aéroports de Paris (ADP).
Comment s’est structurée la démarche de Safety Line ?
Le projet a été fondé par Pierre Jouniaux, ancien pilote de ligne et directeur d’enquête au Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA). Il avait l’idée d’utiliser les données opérationnelles, appelées aussi données de vol, pour améliorer la sécurité. La mise en place d’une nouvelle réglementation à la même époque, dans les années 2010, a favorisé cette démarche. Une première solution est apparue en 2013, aujourd’hui reprise dans l’offre SafetyCube.
En parallèle, l’idée s’est développée d’utiliser ces mêmes données opérationnelles pour optimiser les vols et réduire la consommation de carburant. Ce travail s’est fait en partenariat avec l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria). C’est aujourd’hui la solution OptiClimb, qui permet d’établir des consignes pour optimiser le profil de montée vol par vol en fonction de différents paramètres (type d’avion, masse au décollage, aéroport, conditions météorologiques).
Où en est votre offre actuellement ?
Aujourd’hui nous poursuivons toujours ces deux axes, l’amélioration de la sécurité étant le pendant obligatoire de l’optimisation des opérations.
Nous offrons des solutions matures. SafetyCube compte 26 clients et 15 compagnies ont choisi OptiClimb. Nous avons aussi notre plateforme de solutions AirsideWatch pour optimiser les opérations au sol à partir des données radar.
Nous y maîtrisons l’ensemble de la chaîne de valeur : nous savons récupérer, traiter et analyser les données puis proposer des solutions à nos clients. C’est là où nous apportons toute notre valeur ajoutée. Nous pouvons aussi proposer nos algorithmes à des clients ou partenaires qui ont les moyens de collecter et décoder les données.
Pourquoi avoir opéré cette levée de fonds ?
L’aéronautique est un milieu dans lequel l’exportation tient un rôle très important. C’est un marché international. Il faut donc des moyens pour attirer des clients hors de nos frontières.
Nous avions déjà fait des levées de fonds moins importantes avec des business angels. Cette fois, nous avions la volonté d’avoir des partenaires industriels. Cela permet d’avoir une reconnaissance au niveau du métier. Nous développons aussi des solutions complémentaires à celles de ces partenaires. Il y a donc des possibilités de contacts, voire un potentiel de coopération.
Est-ce que cette levée de fonds va vous permettre d’améliorer vos solutions, d’en développer de nouvelles ?
Nous allons chercher à faire évoluer nos solutions. Nous souhaitons par exemple étendre OptiClimb à l’ensemble du vol et plus seulement à la phase de montée.
Nous menons aussi le projet de recherche Awacs (Airside Watch for Amelioration of Capacity and Safety) avec ADP, qui nous ouvre ses portes pour valider nos solutions en milieu opérationnel, et financé par la région Île-de-France. Awacs prend en compte les données radar pour améliorer la performance au sol et optimiser le roulage des avions, en tenant compte des autres véhicules. Il permet d’identifier les points de congestion et de les prévenir. Les aéroports peuvent ainsi réduire le niveau de risque et l’impact environnemental de ces opérations au sol.
A terme, Awacs devrait venir s’implémenter sur notre plateforme de solutions AirsideWatch, dédiée à l’amélioration des opérations aéroportuaires.
N’y a-t-il pas un risque de voir vos solutions entrer en concurrence de celles de vos partenaires comme Safran ?
Cela n’engendre pas un risque de concurrence, nos solutions sont complémentaires. Le programme SFC02 de Safran est un prescripteur de bonnes pratiques. Et nos solutions font partie de ces bonnes pratiques.
Nous avons signé un partenariat en 2016 avec Safran pour rapprocher OptiClimb et SFCO2. Il y a une coopération commerciale pour proposer une offre groupée, mais aussi technique pour assurer la compatibilité entre les deux solutions.