Pour l’aviation d’affaires, c’est aux Etats-Unis que cela se passe. Comme chaque année, la convention américaine de la NBAA est l’un des meilleurs révélateurs du marché. Pourtant, à la sortie de l’édition 2017, qui s’est tenue à Las Vegas (Nevada) du 10 au 12 octobre, il est dur de dire si l’année en cours est un bon cru ou une période de vaches maigres.
La plupart des acteurs du marché – qu’il s’agisse d’opérateurs, d’équipementiers ou de constructeurs – constate une concordance entre plusieurs facteurs positifs : économie, trafic, marché de seconde main. Mais ces mêmes acteurs s’accordent également pour dire que cette tendance ne se retranscrit pas dans les ventes d’avions neufs. Tous se veulent donc prudents, très prudents. Il n’y a eu aucune annonce de nouveaux programmes, malgré des attentes, et les niveaux de production devraient être historiquement bas. Si la situation peut paraître paradoxale, il faut peut-être simplement y voir le fait que les leçons des crises de 2008 et 2011 ont été (enfin) retenues.
L’Europe et la France en forme
En tant que directeur général de la place de marché en ligne Avinode, Oliver King est un observateur privilégié de l’activité de l’aviation d’affaires. Il note une très bonne croissance du trafic du marché européen. Une impression confirmée par les chiffres de l’Association européenne de l’aviation d’affaires EBAA, qui relève une hausse de plus de 5 % du nombre de mouvements en Europe (zone du Ciel unique européen) sur les douze derniers mois par rapport aux douze précédents. Et cette croissance tend à s’accélérer depuis début 2017.
Dans le détail, Oliver King constate que cette hausse est tirée en grande partie par la France avec une augmentation de l’ordre de 8 % par rapport à l’an dernier en nombre d’heures de vol. Le pays s’impose ainsi comme le premier marché européen, avec une croissance plus rapide que l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Après avoir durement souffert pendant les diverses crises économiques des dernières années, l’Espagne et l’Italie retrouvent également des couleurs.
Le directeur d’Avinode croit aux perspectives de développement du Vieux Continent avec un marché de 500 millions d’habitants et des risques importants de congestion dans les aéroports majeurs. Il estime que la croissance continuera en 2018. Il refuse en revanche de se prononcer sur l’année suivante, qui pourrait être fortement perturbée par le Brexit malgré les effets positifs actuels. En effet, la dépréciation de la livre face à l’euro rend les vols avec les opérateurs basés au Royaume-Uni plus abordables pour les clients européens.
Malgré cette bonne tenue de l’Europe, l’Amérique du Nord reste le principal moteur de l’aviation d’affaires avec environ 60 % de ventes mondiales d’avions neufs et au moins autant en termes de trafic. Ou, comme le résume Ron Silverman, président de VistaJet U.S., « les Etats-Unis mènent le monde ». Après une reprise plus rapide que dans les autres régions du globe, dès 2015, la croissance du trafic tend à se stabiliser même si elle reste conséquente. L’Administration fédérale américaine (FAA) tablait ainsi sur une croissance de l’ordre de 3 % du nombre d’heures de vol en 2016 et moins en 2017. Ce qui n’empêche pas des sociétés européennes comme VistaJet ou Avinode de connaître actuellement d’importants développements de leurs activités respectives en Amérique du Nord.
Retrouvez le deuxième épisode jeudi 19 octobre