Pendant longtemps, le segment très haut de gamme de l’aviation d’affaires a été le seul à se maintenir. On expliquait alors ce phénomène par le fait que les clients de ce genre d’avions n’étaient pas sensibles aux fluctuations de l’économie. Ce constat a pris du plomb dans l’aile depuis deux ans. La valeur moyenne d’un jet livré est ainsi passé de 30,5 M$ à 27,8 M$ entre 2014 et 2016. Ce qui reste néanmoins un prix équivalent à celui des premiers jets haut de gamme comme le Gulfstream G280.
Un autre indicateur vient du trafic. La hausse du l’activité en France, en Espagne et en Italie, par exemple, est ainsi essentiellement portée par l’activité des jets légers. A en croire Oliver King, directeur d’Avinode, ceux-ci correspondent mieux aux besoins du marché que les avions plus gros achetés précédemment.
Porté aux nues comme l’avenir de l’aviation d’affaires en 2007, avant d’être sinistré par la crise de 2008, ce segment des jets légers pourrait offrir à nouveau des perspectives. Plusieurs freins existent néanmoins : la reprise des ventes d’avions neufs n’est envisageable qu’après avoir fluidifié le pléthorique marché d’occasion. De même, les primo-entrants ont tendance à entrer directement sur des avions plus gros qu’il y a quelques années où les Learjet et les Citation Jet constituaient l’essentiel de l’offre. Enfin, les propriétaires ont tendance à favoriser la taille au-dessus lorsqu’il s’agit de changer d’appareil.
Cette situation présente un autre important bémol pour les avionneurs. Alors que la guerre des prix se fait intense, les petits jets n’offrent qu’une rentabilité limitée qui ne peut compenser la faiblesse des ventes sur les segments supérieurs. Même si les volumes de ventes remontent dans d’importantes proportions, cela ne suffira pas à améliorer significativement les marges des constructeurs.
Cette question de la rentabilité apparait donc encore une fois comme le noeud gordien du problème. Difficile à dire s’il finira par être trancher. La solution se situe peut-être autour du segment de moyenne gamme, présenté par les constructeurs comme le futur Eldorado il y a quelques années, voire dans le début des jets haut de gamme. Des appareils à même d’offrir du volume, de la rentabilité, de l’innovation technologique de pointe et plus résistants aux fluctuations économiques que des jets légers.
Retrouvez le septième et dernier épisode jeudi 26 octobre