Une fois n’est pas coutume, les résultats d’Airbus pour les neuf premiers mois de l’année laissent une impression mitigée. Le chiffre d’affaires augmente légèrement, tandis que les commandes reculent tout comme le résultat opérationnel (EBIT ajusté). Chacun de ses résultats présentent des différences significatives entre les trois branches du groupe (avions commerciaux, hélicoptères, défense et espace). Airbus confirme malgré tout la plupart de ses prévisions industrielles et financières pour l’année 2017, avec 700 livraisons d’avions commerciaux et un EBIT en hausse, d’où un impact positif sur son cours de bourse de l’ordre de 5 % à la mi-journée.
Le groupe publie un chiffre d’affaires de 43 MdEUR pour les trois premiers trimestres de 2017, soit une augmentation de 1 % par rapport à la même période en 2016, à 32,6 MdEUR. Cette croissance est principalement le fait des avions commerciaux, sous l’effet de l’augmentation des cadences de l’A320neo et de l’A350. Airbus Helicopters va un peu mieux avec une hausse de 2 %, à 4,4 MdEUR, alors qu’Airbus Defence and Space recule de 13 % à 6,7 MdEUR, en partie à cause de changements de périmètre.
L’A320neo subit néanmoins encore des retards dus aux difficultés de Pratt & Whitney à livrer ses moteurs PW1100G-JM. Airbus ne devrait donc pas atteindre la barre des 200 livraisons cette année (seuls 90 exemplaires ont été remis à 19 clients depuis début janvier). Ce qui n’empêche pas Tom Enders, président exécutif d’Airbus, de déclarer : « Nous confirmons nos prévisions : en dépit des problèmes de moteur que notre famille A320neo a rencontrés, les livraisons s’accélèreront nettement en fin d’année.»
La rentabilité affectée
Airbus publie un EBIT largement positif de 2,3 MdEUR mais en baisse de 2 % par rapport à la même période en 2016. Le groupe indique également un EBIT ajusté, plus représentatif de sa performance opérationnelle, en chute de 25 % à 1,8 MdEUR. Les trois banches opérationnelles sont impactées entre -16 et -18 %, mais le recul le plus significatif se situe au niveau du siège social.
Les résultats des avions commerciaux comme les hélicoptères sont notamment grevés par un mix moins favorable entre les livraisons d’appareils long-courriers ou lourds, plus rentables, et celles d’aéronefs plus petits. Les retards de l’A320neo et les « prix de transition » pour les nouveaux programmes ont également un effet négatif. La branche militaire baisse essentiellement du fait de son changement de périmètre, mais son EBIT reporté souffre aussi « d’une charge de 150 millions d’euros liée au programme A400M, dont 80 millions d’euros au troisième trimestre reflétant l’ajustement de production et les dommages-intérêts induits. »
Le carnet de commandes reste très solide avec 945 MdEUR, mais tend à s’effriter. Fin 2016, il s’élevait à 1 060 MdEUR. Certes les hausses de cadences contribuent à faire baisser ce « backlog », mais les prises de commandes ont fortement ralenti. Celles des avions commerciaux reculent de 35 %, à 41,8 MdEUR, tandis que celles du militaire et spatial baissent de 30 %, à 5,7 MdEUR. Seuls les hélicoptères remontent avec une hausse de 35 %, à 4,7 MdEUR, essentiellement portés par la vente d’appareils légers.
Par ailleurs, Airbus reste dans l’expectative en ce qui concerne les conséquences des enquêtes menées actuellement par le Serious fraud office (SFO) britannique et le Parquet national financier (PNF) français pour corruption dans des contrats civils et militaires. Le groupe a également découvert des éléments inexacts dans des contrats d’exportations de matériel de défense soumis à la réglementation américaine ITAR. Il a indiqué avoir fait part de la situation aux autorités américaines dès fin 2016. L’ombre d’une nouvelle affaire judiciaire plane donc sur Airbus.