GE Aviation n’a pas craqué dans les derniers mètres de 2017. Le motoriste américain a réussi à faire tourner son Advanced Turboprop (ATP) – connu aussi sous la dénomination interne GE93 – dans les derniers jours de décembre, le 22 exactement. GE Aviation a annoncé la nouvelle quelques jours plus tard, confirmant par là même être dans les temps de passage prévus par le calendrier du programme. Ces premiers essais ont eu lieu dans ses installations de Prague (République tchèque), construites spécialement pour le développement et la production de l’ATP.
La mise en route du moteur ouvre la voie au programme de certification, qui commencera cette année. Pas moins de 12 prototypes, basés en Europe et au Canada, y prendront part. Paul Corkery, directeur général Turboprops chez GE Aviation, détaille les axes de travail des prochains mois : « Les essais en continu produiront des données précieuses à partir du moteur et permettront de valider l’aérodynamique, la mécanique et les systèmes aérothermiques. » Pas moins de 80 personnes devraient d’ailleurs être embauchées au cours de l’année, en sus des 180 déjà recrutés. Lorsque la production battra son plein, le site pragois devrait employer 500 personnes.
La date prévue pour l’obtention du précieux sésame n’a pas été dévoilée, mais pourrait se situer fin 2019. Avant cela, le moteur aura été intégré sur le Denali de Cessna. Ce monoturbopropulseur sera le premier à mettre en oeuvre l’ATP. Leur premier vol est espéré à la fin de cette année. La certification et l’entrée en service de l’avion devraient intervenir en 2020. GE souhaite d’ici là, réaliser plus de 2 000 heures d’essais avec son moteur.
Avec plus de 400 M$ investis et 400 personnes mobilisées à travers le monde depuis novembre 2015, l’ATP entend bien faire tomber le PT6 du piédestal qu’il occupe depuis les années 1960. Sa puissance de 1 240 chevaux sur arbre (SHP) le pose en adversaire direct du moteur de Pratt & Whitney Canada. Et grâce à un taux de compression de 16:1, inédit pour cette gamme de turbopropulseurs, GE Aviation n’hésite ainsi pas à affirmer que l’ATP sera au moins 10 % plus puissant en régime de croisière que ses concurrents de même catégorie, avec une consommation spécifique inférieure de 20 %. Ce sont cinq points de plus que précédemment annoncé. Au vu des premiers essais, Paul Corkery estime que l’ensemble des performances de l’ATP sera supérieur aux prévisions.
Pour y arriver, le motoriste américain met le paquet sur les nouvelles technologies. Il revendique l’introduction de 79 innovations avec l’ATP. L’une des plus parlantes est l’intégration à grande échelle de la fabrication additive dans la production. GE Aviation avance ainsi que 855 éléments conventionnels ont été remplacés par 12 pièces en impression 3D, soit 35 % du moteur. Il ne précise néanmoins pas si ce comptage est fait en termes de masse, de nombre d’éléments, etc.
Quoi qu’il en soit, cette utilisation de la fabrication additive permettrait de diminuer le poids du moteur de 5 % (environ 45 kg) et de gagner 1 % de consommation spécifique de carburant. La réduction du nombre de pièces doit aussi améliorer la fiabilité et réduire la maintenance. Ce dernier axe est d’ailleurs mis en avant par GE Aviation, qui estime que les temps entre deux révisions seront 33 % plus longs que ceux du PT6.