La publication des prévisions de marché avant un salon est devenu un exercice incontournable pour les avionneurs. A dix jours du salon de Farnborough, Airbus n’a pas échappé à la règle et a présenté ses nouveaux chiffres pour les vingt ans à venir, lors d’une conférence tenue à Londres le 6 juillet. Le constructeur européen prévoit ainsi que la flotte mondiale d’avions commerciaux atteigne près de 48 000 exemplaires d’ici 2037.
Dans le détail, Airbus estime que 10 600 appareils sont déjà en service aujourd’hui et que le reste sera composé de nouveaux avions, soit 37 390 appareils. Sur ce total, 10 850 seront destinés à remplacer des appareils d’ancienne génération, tandis que les 26 540 autres permettront la croissance de la flotte. Cela représente un potentiel de vente de 5 800 milliards de dollars.
Airbus a ainsi revu ses prévisions à la hausse par rapport à ses précédentes prévisions. Pour la période 2017-2036, le constructeur tablait sur une flotte de 42 500 appareils, avec la livraison de 34 900 appareils neufs.
Quelques semaines après avoir affiché un optimisme certain lors du Paris Air Forum, Eric Schulz, vice-président exécutif et directeur Ventes, marketing & contrats d’Airbus, a donc pu appuyer ses propos avec des chiffres. Il confirme ainsi ne pas croire du tout à un retournement du marché et à l’éclatement d’une éventuelle bulle des monocouloirs.
Naturellement ces derniers – identifiés par Airbus comme « Small segment » – représentent les trois quarts de la demande à venir avec 28 550 appareils. Cette prévision est en accord avec le backlog d’Airbus, composé à 80 % d’A320ceo/neo.
Airbus a décidé de sortir l’A321LR de ce segment Small pour l’intégrer dans une nouvelle catégorie « Medium » avec l’A330ceo/neo. L’avion est désormais considéré comme « le premier stade de la flotte long-courrier ». Le constructeur européen entend ainsi occuper le terrain avant que Boeing ne lance son New Midsize Airplane (NMA) sur le marché. Il estime que 5 480 avions neufs seront livrés sur ce segment dans les vingt prochaines années.
Le haut de tableau est complété par les segments « Large » et « Extra-Large », composés de l’A350-900 d’un côté et des A350-1000 et A380 de l’autre. Airbus estime qu’ils représentent respectivement 1 760 et 1 590 appareils neufs d’ici 2037.
Pour Eric Schulz, cette demande sera tirée par une forte croissance du trafic, de l’ordre de 4,4 % en moyenne par an sur la période. Il devrait ainsi conserver son impressionnante capacité à doubler tous les quinze ans.
Les vingt prochaines années consacreront le déplacement du centre de gravité du transport aérien vers l’est et le sud avec l’influence croissante des pays émergents, notamment asiatiques. Eric Schulz déclare ainsi que l’éclosion d’une classe moyenne dans ces régions – à commencer par l’Inde et la Chine – représente un « fantastique réservoir de passagers potentiels ».
Cette évolution devrait néanmoins se stabiliser progressivement, au fur et à mesure que le trafic dans ces pays émergents arrive à maturité, jusqu’à trouver un équilibre.
Pour le patron des ventes d’Airbus, les compagnies low cost continueront d’être principal facteur de croissance du marché. Il se réjouit d’ailleurs du fait que l’ensemble de ces opérateurs à bas coût parle aujourd’hui de se lancer sur des liaisons long-courrier.