Dans un contexte toujours aussi difficile pour les hélicoptères lourds, Sikorsky s’est montré offensif en ouverture du salon Heli-Expo, le 5 mars, à Atlanta. Le constructeur américain, filiale du groupe Lockheed Martin, a lancé deux nouvelles versions du S-92. Il s’agit du S-92A+, basée sur un kit d’amélioration, et du S-92B, nouvel appareil en production. Ils doivent entrer en service en 2020.
« Nous continuons à investir malgré la contraction du marché », a déclaré Audrey Brady, vice-présidente, Systèmes & Services commerciaux de Sikorsky, en ouverture de sa présentation. Avec quatorze S-92 livrés sur les trois dernières années, selon les chiffres de la GAMA, cette décision paraît osée. Le constructeur tente donc clairement de se relancer sur le segment des hélicoptères lourds.
Il compte pour cela sur la combinaison du S-92A+ et du S-92B qui doivent apporter quasiment les mêmes améliorations. Un moyen de mutualiser les coûts de développement et surtout d’accéder à un marché plus large grâce au rétrofit, alors que les commandes d’appareils neufs sont toujours à la peine sur ce segment.
Sikorsky entend ainsi proposer des appareils capables d’afficher le même taux de disponibilité opérationnel de 95% que le S-92, voire au-delà, mais avec des capacités accrues et des coûts opérationnels réduits. Le constructeur déclare aussi qu’il proposera le S-92B à un prix « historiquement bas ». En ce qui concerne le coût du rétrofit vers le S-92A+, il est actuellement en cours de discussions avec les clients selon Audrey Brady.
Nouveaux équipements
Les deux appareils intègreront la nouvelle avionique Matrix 1.0, qui doit conférer plus d’autonomie à l’appareil et permettre de réduire la charge de travail des pilotes. Elle sera couplée à des systèmes comme Rig Approach 2.0 pour les approches automatisées et SuperSearch, issue du Sikorsky’s Innovations lab, qui utilise de nouveaux algorithmes pour accélérer jusqu’à 30% la localisation d’objets lors des missions de recherche et sauvetage SAR.
Le constructeur joue d’ailleurs sur la modularité de l’appareil, avec une nouvelle cabine allégée capable d’être rapidement reconfigurée entre des opérations SAR et de transport offshore, avec notamment une porte latérale adaptée aux deux types de missions. Le S-92B devrait par ailleurs disposer de hublots agrandis.
Sikorsky propose aussi une nouvelle option de motorisation, avec le CT7-8A6 de GE Aviation. Il s’agit d’une variante de l’actuel CT7-8A de 2 500 chevaux sur arbre (shp). Elle est en cours de développement pour le futur VH-92A, qui entrera en service début 2020 au sein de l’US Marine Corps pour assurer le transport du président des Etats-Unis. Cette nouvelle turbine doit fournir de meilleures performances en conditions « haut & chaud ».
Une boîte de transmission gonflée
Les appareils intègreront enfin une nouvelle boîte de transmission principale, dite « Phase IV ». Celle-ci répond aux exigences supplémentaires de la FAA sur le système de lubrification (CFR 29.927(c)), avec la mise en place d’un système auxiliaire fermé de distribution d’huile. Cela a fait l’objet d’un test sur banc à grande échelle (avec l’équivalent de 500 NM de vol à 80 noeuds), réalisé sous le contrôle de la FAA.
Malgré une empreinte identique, cette nouvelle boîte peut aussi accepter une puissance sur arbre de 600 chevaux supplémentaires par rapport à la boîte actuelle. Sikorsky admet qu’elle est pour le moment surdimensionnée par rapport à la puissance du CT7-8A6, mais cela laisse des possibilités d’évolutions pour le S-92 en terme de motorisation, et donc de nouvelles capacités.