C’est un sacré lifting que s’apprête à opérer Airbus Helicopters sur son H145. Solidement installé sur son marché avec encore plus de 120 commandes en 2018, l’hélicoptère biturbine léger va connaître une évolution majeure au cours de l’année à venir. Comme présenté le 5 mars au salon Heli-Expo d’Atlanta, il va recevoir un tout nouveau rotor, doté d’une cinquième pale. A la clef, des performances améliorées et une maintenance simplifiée. Cette nouvelle version deviendra la seule produite à partir de l’année prochaine et sera disponible en rétrofit sur les H145 en service (hors BK117 and EC145). Des clients de lancement ont été dévoilés dans les deux cas.
Axel Humpert, directeur du programme H145, prévoit environ 400 heures d’essais en vol pour atteindre la certification EASA, prévue début 2020. L’entrée en service est attendue en milieu d’année. Les développements continueront jusqu’à fin 2020 pour intégrer les différentes configurations de missions au nouvel appareil.
Un rotor simplifié
Cette version à venir du H145 repose avant tout sur une toute nouvelle configuration de rotor principal sans roulements (bearingless). Comme l’explique Axel Humpert, « il n’y a plus de tête de rotor, d’huile ou de graisse », mais un système de lames flexibles intégrées, de manchettes et d’amortisseurs qui transmettent directement les différentes actions du pilote aux pales. Il s’apparente ainsi à ce qu’Airbus Helicopter met déjà en oeuvre sur le H135.
Toujours selon Axel Humpert, cela permet un contrôle direct du rotor, sans délai entre l’action du pilote sur les commandes et la réaction. Le niveau de vibrations est aussi réduit. Et surtout, la complexité de l’ensemble est fortement diminuée par rapport au H145 actuel, avec à la clef une maintenance simplifiée et l’absence de limite de durée de vie opérationnelle.
Le nouveau rotor sans roulements du H145. © Airbus Helicopters
Puissance 5
La configuration à cinq pales a elle été développée dans le cadre du démonstrateur Bluecopter, développé dans le cadre du programme Clean Sky à partir d’un EC135. Elle a ainsi été testée en vol à partir de 2016, et ce jusqu’à la fin du programme en avril 2017. Avant même cette date, dès le troisième trimestre 2016, Airbus Helicopters a lancé une étude faisabilité sur H145. Et en mars 2017, il l’a adaptée sur un banc d’essais de H145.
Le constructeur s’est attaché dans la foulée à lancer une phase de preuve de concept sur un véritable appareil, avec un premier vol en août 2017. Et à la fin de l’année, les bons résultats ont amené Airbus Helicopters, en concertation avec son partenaire japonais Kawasaki Heavy Industries, a poursuivre le développement. Aujourd’hui, deux prototypes participent aux essais. Ils ont déjà réalisé près de 150 vols entre les Pyrénées et la Finlande, dans différentes conditions d’altitude et de température.
D’autres améliorations ont été apportées comme l’intégration d’une pompe électrique plus légère pour le contrôle des commandes de vol avant la mise en route à la place de l’hydraulique actuelle, un système de connectivité en vol sans fil (wACS) pour la transmission des données de surveillance de l’état de l’appareil, ou encore un nouveau tube pour l’avant du train d’atterrissage.
Apports opérationnels
Outre la maintenance simplifiée, le nouveau H145 doit apporter un certain nombre d’avantages opérationnels, à commencer par une charge utile accrue de 150 kg. Cela porte son total à 1,91 tonne. Dans le même temps, le constructeur a allégé sa machine de 50 kg, avec l’élimination du système de contrôle actif des vibrations (LAVCS), des amortisseurs au niveau du train d’atterrissage et de la pompe hydraulique, ainsi que la réduction des stabilisateurs au niveau de la poutre de queue. Au final, le nouveau H145 disposera d’une masse maximale au décollage (MTOW) accrue de 100 kg, à 3,8 tonnes.
Axel Humpert note que le diamètre du rotor, pales déployées, est réduit de 10 centimètres par rapport au H145 actuel. Il mentionne également la possibilité de replier les cinq pales vers l’arrière, diminuant encore l’empreinte de l’appareil lors de son parcage au sol (D-Value) de près de deux mètres.
« C’est un exemple de ce que nous pouvons créer comme valeur pour nos clients », a déclaré Bruno Even, PDG d’Airbus Helicopters. Deux d’entre eux ont en tout cas été convaincus. Il s’agit du ministère ukrainien des Affaires internes, client de lancement de la version de série, qui a converti huit de ses dix H145 dans cette nouvelle version. En ce qui concerne le rétrofit, c’est l’opérateur suisse d’évacuation sanitaire (EMS) Rega qui va moderniser le premier sa flotte de sept H145, dont le dernier doit être livré en mai de cette année.
Deux prototypes préparent la certification, prévue début 2020. © Airbus Helicopters / E. Raz