La famille des E-Jets de deuxième génération signe la passe de deux. Le 15 avril, Embraer a annoncé la certification de type (TC) de l’E195-E2, un peu plus d’un an après celle de l’E190-E2. Et comme ce dernier, il a reçu en une seule fois le précieux sésame de la part de l’Agence brésilienne de l’aviation civile (ANAC), de l’Administration fédérale de l’aviation américaine (FAA) et de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) lors d’une cérémonie dans ses installations de São José dos Campos (État de São Paulo). C’était sans doute l’une des dernières apparitions de Paulo Cesar de Souza e Silva, PDG du constructeur brésilien, qui doit quitter ses fonctions le 22 avril.
« Tout comme pour le E190-E2, nous avons une fois de plus obtenu la certification de type simultanément de trois grandes autorités de réglementation mondiales », s’est félicité le futur ex-dirigeant. Il va donc pouvoir sereinement passer le relais – a priori à Francisco Gomes Neto, jusqu’ici directeur exécutif du groupe Marcopolo – pour la mise en service de l’appareil. Celle-ci est prévue pour le second semestre 2019, conformément aux prévisions faites lors du lancement du programme au salon du Bourget 2013.
Azul, fidèle des E-Jets depuis 2008 avec plus de 70 appareils en flotte, sera le client de lancement de l’appareil. La compagnie brésilienne s’était engagée dès 2014 avec la commande de 30 appareils, puis avec l’achat de 21 avions supplémentaires en 2018. La première livraison à la compagnie espagnole Binter Canarias est aussi prévue cette année. Embraer n’a pas précisé si les deux opérateurs prendraient en compte les deux prototypes utilisés pour les essais en vol.
Performances accrues
En plus de la certification, Paulo Cesar de Souza e Silva a pointé le fait que les performances homologuées excèdent les spécifications annoncées lors du lancement du programme. John Slattery, PDG d’Embraer Commercial Aviation, a confirmé cette annonce en précisant que l’E195-E2 apportera une réduction de la consommation spécifique de carburant par siège de 25,4% par rapport à l’E195 de première génération, soit 1,4 point de plus qu’annoncé. Une performance essentiellement due à la remotorisation de l’appareil, avec deux Pratt & Whitney PW1900G en lieu et place des GE CF34-10E, à la voilure redessinée, mais aussi à l’optimisation de la cabine avec l’adjonction de trois rangs de sièges supplémentaires.
Alors que l’E195 classique devait se contenter d’aménagements compris entre 100 et 124 places, l’E195-E2 est équipé d’une cabine allant de 120 sièges sur deux classes à 132 sièges en classe unique. Embraer a aussi développé une configuration haute densité pouvant accueillir jusqu’à 146 passagers. De quoi largement améliorer la consommation par siège de l’appareil.
Le nouvel avion affiche ainsi une masse maximale au décollage de 61,5 tonnes, soit environ dix tonnes de plus que l’E195. Cela lui permet d’accroître sa charge utile à un peu plus de 16 tonnes (+16%) et son emport carburant à 13,7 tonnes (+6%). L’E195-E2 peut dès lors franchir 2 655 nm (4 900 km), soit 300 nm de plus que l’E195 dans sa version AR (Advanced Range) et 600 nm dans sa version LR (Long Range). Et malgré cet embonpoint, Embraer affirme que l’avion décolle 400 m plus court que l’E195, en 1 800 m à pleine charge. Il lui faut en revanche 150 m de plus pour atterrir, avec un peu plus de 1 400 m.
Paulo Cesar de Souza e Silva (à g.), PDG d’Embraer, John Slattery (au c.), PDG d’Embraer Commercial Aviation et Mauro Kern (à dr.), vice-président exécutif Ingénierie, reçoivent les certificats de type de l’E195-E2 de la part des représentants de l’ANAC, l’EASA et la FAA. © Embraer
Un nouveau prédateur de profit
John Slattery estime ainsi détenir « le jet monocouloir le plus efficace sur le marché ». Si on y ajoute les 20% d’économies annoncés sur les coûts de maintenance par rapport à la première génération d’E-jets, Embraer n’a pas hésité à apposer la mention « profit hunter » sur son fuselage comme il l’avait fait avec l’E190-E2, mais cette fois assortie d’une tête d’aigle. Encore faut-il que cela se confirme en opérations.
L’E195-E2 semble en tout cas convaincre davantage que les autres modèles d’E-Jets E2. L’appareil a reçu 121 commandes de la part de cinq clients – les compagnies Azul (51 avions), Air Peace (10) et Binter Canarias (3), ainsi que les loueurs AerCap (44) et Aircastle (13) – avec des options pour 52 appareils supplémentaires. Il supplante ainsi l’E190-E2 avec ses 47 commandes fermes et 61 options auprès de sept clients, tandis qu’un certain flou règne autour de l’E175-E2 qui compte tout de même 100 commandes fermes et autant d’options… jusqu’à preuve du contraire.