Comme Airbus, Boeing, Sukhoi ou Embraer avant lui, Comac s’attaque au marché de l’aviation d’affaires. Le 16 avril, lors du salon ABACE 2019 à Shanghai, le constructeur chinois a lancé la version VVIP de l’ARJ21, le CBJ. A cette occasion, il a dévoilé une première maquette au 1:10 de l’appareil, ainsi que plusieurs vues des possibles aménagements intérieurs. Un ARJ21 « classique » était également présent sur l’exposition statique du salon.
Comac présente le CBJ comme un avion « haut de gamme » fortement compétitif, avec la plus vaste cabine de sa catégorie. L’avion pourrait ainsi accueillir entre 12 et 29 sièges, ainsi que des aménagements tels qu’une chambre, une salle de conférence, etc. Les images présentées par Comac font état de plusieurs zones de vie séparées sans pour autant préciser leur nombre. Elles montrent aussi des sièges entièrement inclinables à même de pivoter sur 330 degrés.
Le CBJ n’est pourtant pas seul dans sa catégorie. Il va se positionner sur le segment du SBJ de Sukhoi Civil Aircraft (SCAC) et du Lineage 1000 d’Embraer. La comparaison n’est pas forcément aisée, Comac n’ayant pas fourni les dimensions de la cabine de son appareil. En se basant sur les spécifications de l’ARJ21, son volume en cabine devrait avoisiner les 110 m3. En face, le SBJ russe revendique 119 m3, avec une section de fuselage proche de celle de l’ARJ21 mais une cabine plus longue. Le Lineage 1000 brésilien se situe à 116 m3, mais dans une configuration différente avec une section de fuselage plus étroite et une cabine bien plus longue.
Parmi les autres aménagements, Comac indique que la configuration de la cabine permet une réduction significative du bruit à bord. En croisière, le CBJ afficherait ainsi un volume sonore de l’ordre de 55 dB, ce qui correspond au niveau d’une conversation normale. Enfin, le constructeur déclare que son avion abritera un système de divertissement à bord (IFE) de dernière génération, sans pour autant avancer le nom d’un équipementier.
En termes de performances, Comac estime que son appareil pourra franchir 5 500 km à Mach 0,78. C’est près de 2 000 km de plus que l’ARJ21 dans sa version ER (Extended Range). Le CBJ resterait néanmoins très loin des 7 900 km du SBJ à Mach 0,81, ou des 8 500 km du Lineage 1000E à Mach 0,78 (autonomies calculées avec 8 passagers à bord).
Le CBJ compte sur les trois mètres de large de sa cabine pour séduire. © Comac
Travail d’apprentissage
Pour arriver à se distinguer sur ce marché qui ne compte que quelques commandes par an, Comac a annoncé qu’il avait commencé à travailler avec plusieurs clients potentiels dès l’an dernier afin de définir les caractéristiques opérationnelles de son futur produit, ainsi que l’offre de soutien qui y sera associée. Il affirme ainsi avoir adopté une approche centrée sur l’utilisateur, avec l’élaboration de solutions commerciales et opérationnelles personnalisées. Des partenaires stratégiques auraient d’ailleurs déjà été définis pour la conception et la production du CBJ, tout comme pour son exploitation et son soutien.
Malgré tous les efforts que pourrait déployer Comac, il reste peu probable que ce futur appareil dépasse les frontières de la Chine. A l’image de l’ARJ21, son marché devrait se limiter uniquement aux opérateurs domestiques à de rares exceptions près. Même à l’intérieur des frontières de l’Empire du Milieu, ce dernier peine d’ailleurs à convaincre avec seulement une douzaine d’appareils livrés depuis 2016 à trois compagnies chinoises. Il ne cumule ainsi que 10 000 heures de vol en opérations, pour environ 320 000 passagers transportés.
Aussi faut-il sans doute considérer le futur CBJ comme l’actuel ARJ21 : un avion avant tout destiné à renforcer l’apprentissage et la montée en compétence progressive de l’industrie chinoise.
La cabine comprendra plusieurs zones avec différents aménagements. © Comac