C’est ce qui s’appelle trancher dans le vif. Bombardier a annoncé la suspension de ses activités non-essentielles le 24 mars à 23h59, et ce jusqu’au 26 avril inclus. Cela concerne notamment la production de ses avions d’affaires – dernière activité aéronautique du groupe avec la maintenance. Cette mesure intervient suite à la demande des gouvernements de l’Ontario et du Québec de fermer les entreprises non-essentielles, pour respectivement deux et trois semaines, afin de ralentir la progression du Covid-19 au Canada. Bombardier a visiblement décidé de ne pas demander de dérogation et a opté pour un arrêt plus long qu’exigé.
Cette décision forte fragilise encore un peu plus un groupe en grande faiblesse financière depuis 2014 et fortement endetté. Bombardier a accusé une perte nette de plus de 1,7 milliard de dollars l’an dernier, avec une dette de l’ordre de 9 milliards qui l’a obligé à vendre sa participation au programme A220 puis son activité ferroviaire en début d’année. Les coûts d’arrêt de la production et le manque à gagner – sans oublier le changement de PDG prévu le 6 avril avec le remplacement d’Alain Bellemare par Éric Martel – risquent bien de compromettre un peu plus son existence.
La charge sera aussi lourde pour les milliers de salariés concernés. Ceux-ci ont été « mis en congé temporaire sans solde », selon le communiqué de Bombardier. De son côté, le Syndicat des machinistes AIMTA a annoncé que la direction du groupe n’avait pris aucune mesure d’atténuation pour ses salariés, contrairement aux implantations locales d’Airbus et de Stellia.
David Chartrand, coordonnateur québécois du syndicat a ainsi déclaré : « Nous sommes satisfaits des ententes avec Airbus et Stelia. Pour ce qui est de Bombardier nous allons continuer de discuter avec eux dans le but d’en arriver à un compromis satisfaisant. » En attendant, les salariés mis au chômage technique devront se tourner vers l’assurance-emploi locale pour espérer conserver quelques revenus. La direction renonce aussi à sa rémunération pour la période.
D’autres mesures de réduction des coûts vont être appliquées. Et Bombardier va s’attacher à dégager des liquidités. En attendant, le groupe canadien suspend toutes ses prévisions financières pour 2020.