Aerion a le mérite d’y croire. Les équipes du fumeux programme de jet d’affaires supersonique continuent de multiplier les annonces de développement à intervalles réguliers, dont la dernière date du 24 avril. A vrai dire, celle-ci a été le fait gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui a révélé que le constructeur allait établir son nouveau quartier général ainsi qu’un campus de recherche sur l’aéroport international d’Orlando-Melbourne (MLB) à l’occasion d’une conférence de presse.
Ce nouveau projet prend le nom d’Aerion Park. Aerion quitte ainsi Reno (Nevada) pour le coeur de la « Space Coast » floridienne, réputée pour sa main d’oeuvre qualifiée et l’accueil des autorités locales. Embraer avait fait le même choix s’établissant à Melbourne en 2012, avec plusieurs extensions depuis. Le recrutement de profils qualifiés sera néanmoins plus dur qu’à l’époque. Le constructeur brésilien avait bénéficié d’une grande disponibilité d’anciens travailleurs du secteur spatial, alors en plein ralentissement. Depuis, le taux de chômage a drastiquement baissé dans la région, du moins avant que la crise économique provoquée par la pandémie du COVID-19 ne frappe.
Selon le gouverneur DeSantis, Aerion compte investir 300 millions de dollars sur plusieurs années. Cela devrait permettre la création d’au moins 675 emplois d’ici 2026. Selon les médias américains, le constructeur disposerait déjà de personnels sur place, dans des locaux temporaires. Le campus doit être inauguré plus tard dans l’année, tandis que la production du premier prototype du jet d’affaires supersonique AS2 est prévu en 2023, à moins d’un nouveau report.
Pour rappel, en 2014, Aerion annonçait un rayon d’action de 4 750 nm (8 800 km) à Mach 1,6. Le premier vol était espéré en 2019 pour une certification en 2021. Depuis, le constructeur a changé plusieurs fois de partenaires industriels, fait glisser le calendrier à de maintes reprises et revu les performances à la baisse. Désormais le premier vol est attendu pour 2024 et l’entrée en service en 2026. Il devra être capable de voler en croisière à Mach 1,4 pour une autonomie de 4 200 nm (7 780 km).
Ces incertitudes n’ont pas empêché Aerion de convaincre de solides partenaires et fournisseurs, à commencer par Boeing qui participe au financement et au développement technique et commercial du projet. Il faut y ajouter GE Aviation, avec sa nouvelle famille de moteurs supersoniques Affinity ou Honeywell avec une nouvelle avionique. Spirit AeroSystems, Safran, GKN Aerospace, Aernnova ou Potez Aéronautique sont aussi parties prenantes du projet.