La lettre mettant fin aux négociations entamées dans le cadre de la vente de 50 hélicoptères H225M Caracal est arrivée sur le bureau d’Airbus Helicopters, annulant de manière définitive l’appel d’offre remporté en avril 2015 par l’hélicoptériste. Cette résiliation va amener la France à « réexaminer l’ensemble des coopérations que nous avons avec la Pologne dans le domaine de la Défense et voir ce qui peut être maintenu ou non », a indiqué une source proche du dossier. Celle-ci ajoute qu’il y a de fait des « difficultés à maintenir un dialogue de confiance » avec la Pologne, les relations bilatérales ayant été « indéniablement affectées par la décision ».
Ce contrat avorté est d’ores et déjà à l’origine de l’annulation de la visite à Varsovie du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, initialement prévue lundi, tout comme le voyage du président de la République François Hollande, le 13 octobre prochain.
Le point d’achoppement de ces négociations, entamées il y a plus d’un an et demi, portait sur les offsets consentis par Airbus Helicopters. « Les conditions (d’offsets) étaient extrêmement favorables à la Pologne », explique-t-on à Paris, voire trop, Airbus Helicopters devant investir 100% de la valeur du contrat (2,3 milliards d’euros) en Pologne. « PGZ (l’industriel polonais partenaire d’Airbus Helicopters sur ce programme) aurait même eu des droits à l’export, ça allait plus loin que tout ce qu’on a jamais vu en termes d’offsets directs. » Un revirement cet été aurait fait comprendre à l’industriel que les offsets directs ne seraient finalement pas comptabilisés dans l’offre, au profit d’offsets indirects supplémentaires. De quoi critiquer la mauvaise foi des autorités polonaises, qui avaient communiqué il y a trois jours que les propositions d’offsets ne répondaient pas aux exigences économiques et sécuritaires, mettant de facto fin aux négociations.
« C’est une décision politique et non technique », explique-t-on, le Caracal ayant remporté haut la main les évaluations techniques et étant le seul industriel « compliant » avec les exigences industrielles et opérationnelles de l’appel d’offres. Un autre paramètre rentrerait cependant également en ligne de compte : les usines sélectionnées par les concurrents d’Airbus Helicopters, AgustaWestland et Sikorsky, se trouveraient dans des circonscriptions plus proches du parti au pouvoir… De quoi conforter l’agacement côté français. « On ne peut pas déposséder un industriel d’une compétition pour des motifs politiques. »
Cette « rupture abusive » va également forcer le constructeur à revoir sa stratégie d’installation en Pologne. Quelques 3 000 emplois directs auraient dus être générés rien que par cette vente, Airbus HC ayant de plus souhaité avoir une implantation à long terme sur le territoire.
Enfin, les livraisons, prévues à date fixe, avaient été notifiées avant même la signature du contrat, obligeant Airbus Helicopters à démarrer la production des cellules, afin d’anticiper au maximum et être prêt à livrer dès 2017. Une quinzaine – voire plus – seraient actuellement alignées à Marignane, en attente d’être équipées. Elles attendent à présent un repreneur…
L’hélicoptériste devrait à présent se tourner vers Bruxelles dans l’optique entre autres d’obtenir des compensations financières pour les investissements déjà réalisés en avance de phase sur ce contrat.