Le problème de pénurie de pilotes est connu depuis des années et régulièrement évoqué par Boeing lors de la publication de ses prévisions de marché. Mais celui-ci semble se renforcer. L’ENAC commence en effet à ressentir elle-même les effets de cette pénurie, ce qui n’était pas le cas il y a encore six mois, indique son directeur Marc Houalla, expliquant que l’école voyait désormais une partie de ses instructeurs partir dans les compagnies aériennes.
« Le retournement a été très rapide », ajoute Philippe Crebassa, le vice-président de l’école, et les besoins en formation sont ainsi décuplés, sans que les capacités suivent le rythme – selon l’étude de Boeing, le transport aérien aura besoin de 620 000 pilotes d’ici 20 ans et les capacités aux Etats-Unis ne dépassent pas 65 000 élèves. Il s’agit d’une opportunité pour l’ENAC mais l’école n’a pas la folie des grandeurs. « Nous voulons nous développer mais nous ne voulons pas 50% du marché, nous voulons nous positionner sur la formation premium. »
Marc Houalla comme Philipe Crebassa estiment que les mois à venir vont être difficiles pour les compagnies à bas coûts. « Le low-cost est un modèle de crise, vers lequel les pilotes se tournent quand ils ne trouvent pas de travail. Le vent tourne, easyJet a dû le sentir et c’est pour cela qu’elle s’est adressée à l’ENAC. Mais cela risque d’être difficile pour des compagnies comme Ryanair », commente le vice-président de l’école.
La compagnie britannique a en effet ajouté l’ENAC à la liste des écoles où elle allait chercher ses pilotes en 2014, aux côtés des deux écoles britanniques CTC Aviation et CAE Oxford Aviation Academy – l’espagnole FTEJerez s’est ajoutée à cette liste au début de l’année. Désormais, elle est le premier employeur de ses cadets.