C’est un projet titanesque qui vient d’échouer. UTC a officiellement rejeté la proposition de rapprochement présentée par Honeywell, qui aurait créé un équipementier réalisant près de 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires. A cette occasion, les deux sociétés ont présenté leur vision du projet le 26 février.
Du côté d’Honeywell, c’est la force de la société fusionnée qui est soulignée. L’industriel américain espérait que sa proposition de rachat (à 90,7 milliards de dollars) s’attirerait les faveurs d’UTC, lui faisant miroiter des synergies estimées à 3,5 milliards de dollars et une position de leader dans différents équipements aéronautiques tels que les systèmes électriques, les systèmes d’atterrissage, d’air conditionné ou les petits moteurs. Autre avantage qui aurait davantage intéressé les clients des deux équipementiers : la mise en commun de leurs ressources leur aurait donné la capacité d’investir 8 milliards de dollars dans la R&D.
Un point de vue qui n’est partagé ni par Airbus, ni par Boeing. L’avionneur américain a publié un communiqué traduisant son inquiétude le 26 février, indiquant que « une concurrence saine dans la chaîne de fournisseurs est d’une importance vitale pour Boeing et [ses] clients commerciaux et militaires. » Quant à Tom Enders, le président d’Airbus Group, il avait déclaré dès le 24 février qu’il « ne pens[ait]pas qu’un tel rapprochement serait dans l’intérêt d’Airbus », alors même qu’il appelle de ses voeux une consolidation de ses fournisseurs de petite et moyenne taille pour assurer leur solidité. Il a même ajouté « j’ai l’impression que la direction de United Technologies partage mon point de vue. »
Et effectivement, UTC a catégoriquement rejeté la proposition. « Nous avons conclu qu’un rapprochement serait catégoriquement bloqué ou que, si une transaction était possible, le délai réglementaire, les cessions imposées, les inquiétudes des clients et les concessions détruiraient toute valeur pour les actionnaires, dans des proportions bien supérieures aux synergies. […] Il serait irresponsable pour UTC d’avancer sur cette fusion dans ces circonstances », explique Gregory J. Hayes, le président d’UTC.
Par ailleurs, il estime que la proposition sous-estime beaucoup la valeur du groupe, ne prenant pas en compte ses perspectives, et que le montant des synergies potentielles a au contraire été surévalué – UTC les estime à 2,5 milliards de dollars.