La liste des fournisseurs français de Boeing s’allonge. L’avionneur américain a en effet choisi d’externaliser la production des modules automatiques de contrôle des leviers de gaz du 737 MAX (auto-throttle module) et de la confier à la société drômoise Fly by Wire Systems France – qui est en train de devenir Lord Electromechanical Solutions. Ce contrat a été célébré le 8 mars dans ses installations de Saint-Vallier, avec des représentants de Boeing, dont son directeur France Jean-Marc Fron, et de Lord, le groupe à qui appartient Fly by Wire actuellement et qui va lui prêter son nom.
Il s’agit du plus important contrat jamais décroché par Lord au cours de ses 94 ans d’histoire. Il porte sur la production de « la partie intelligente de la manette de gaz », comme le résume Denis Mathieu, le directeur général de Fly by Wire France, la partie située sous les manettes physiques, qui fait le lien entre l’action du pilote et l’avionique. Le package ne comprend pas les manettes en elles-mêmes car cela représentait un trop grand travail de certification de refaire entièrement le système.
© Lord Corporation
Boeing externalise la production des modules auto-throttle
Le développement du système devrait commencer prochainement pour un lancement des livraisons en 2020. Fly by Wire deviendra alors le fournisseur exclusif de cette pièce critique du cockpit. Elle est actuellement produite par Boeing en interne.
Cette externalisation s’inscrit dans le cadre de la rationalisation de l’activité de l’avionneur, qui souhaite d’un côté réinternaliser certaines compétences qui lui permettent de diversifier et lisser son activité, réduire les risques liées à la chaîne de fournisseurs et réduire ses coûts, mais aussi s’entourer des meilleurs industriels d’où qu’ils viennent. Cette politique s’applique aux nouveaux programmes (on a récemment vu Daher et Figeac Aéro devenir tier 1 sur le 787 et le 777X respectivement) mais « ouvre aussi des opportunités sur les programmes existants », comme en témoigne cet accord avec Fly by Wire sur le 737 MAX.
Le groupe Lord introduit Fly by Wire auprès du géant américain
Pour Fly by Wire, ce contrat vient « redynamiser l’activité et réduire la dépendance à Airbus », estime Frédéric Ponchon, le directeur commercial de Lord France. Cette activité, bien que soutenue (la société travaille sur tous les programmes d’Airbus, avec Embraer, Bombardier et Dassault), s’était installée dans une sorte de routine, le dernier grand bouleversement dans la production étant le contrat sur les équipements de cockpit des Legacy au début de la décennie. Il montre également l’influence positive du rachat de la société par le groupe Lord – partenaire de longue date de Boeing – qui lui a très rapidement ouvert les portes de l’avionneur américain.
Les modules automatiques de contrôle des manettes de gaz de Boeing auront une nouvelle ligne de fabrication dédiée, qui sera ouverte dans la nouvelle usine actuellement en construction à Pont-de-l’Isère, avec certains processus d’assemblage adaptés aux exigences spécifiques de l’avionneur américain. Une trentaine d’employés sera recrutée en France grâce à ce contrat et la part de cette activité dans le chiffre d’affaires de Fly by Wire atteindra 15 à 25% à partir de 2022. La production sera toutefois partagée entre les sites français et américain de Lord, à 60% à Pont-de-l’Isère et à 40% à Cambridge Springs (Pennsylvanie).
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