Boeing a franchi une nouvelle étape dans le renforcement de son empreinte en Europe. L’avionneur américain a inauguré le 25 octobre son premier site de production sur le continent, à Sheffield, au Royaume-Uni. Représentant un investissement de 40 millions de livres sterling, l’usine de 6 200 m² est opérationnelle depuis quelques jours et produit des pièces métalliques pour les actionneurs de volets de 737 (toutes générations) et 767. Elle tournera à plein régime dès mi-novembre avec une cinquantaine de personnes. Plus d’une centaine de types de composants seront produits, à un rythme de 7 000 à 8 000 par mois.
Cette production sera complétée par l’activité de l’usine de Portland (Oregon), à laquelle seront d’ailleurs envoyées les pièces fabriquées à Sheffield pour assemblage, avant que les ensembles soient convoyés à Seattle pour être montés sur les appareils. La matière première viendra de treize fournisseurs, principalement originaires du Royaume-Uni.
L’usine de Sheffield est un projet qui découle d’un processus de longue date. Boeing était en effet déjà bien implanté dans la région grâce à un partenariat remontant à 2001 avec l’université de Sheffield, avec laquelle l’avionneur a fondé l’AMRC (Advanced Manufacturing Research Center) qui travaille sur les systèmes avancés. La construction de l’usine avait été annoncée en février 2017.
A ce jour, une dizaine de machines sont opérationnelles et peuvent traiter des pièces en acier et en aluminium, y compris la nuit. La production est basée sur le principe « done in one », c’est-à-dire que chaque pièce sera entièrement traitée par une seule machine qui réalisera toutes les actions d’usinage nécessaires (perçage, fraisage, ébavurage…). Il suffit pour cela de paramétrer la machine selon le type de pièce à produire et le type d’avion auquel elle est destinée. Ainsi, les machines peuvent en théorie également être utilisées pour produire des pièces sur d’autres types d’avions. Ceci n’est pas encore à l’ordre du jour, Boeing souhaitant rôder le processus industriel, mais n’est pas exclu, indique Michael Arthur, président de Boeing Europe.
Une nouvelle étape dans la stratégie de réinternalisation de la production
La décision de produire les actionneurs dans les usines Boeing de Portland et Sheffield fait partie de la logique de réinternalisation de la production. Ces ensembles étaient en effet fabriqués en externe jusqu’alors. « Nous avons besoin de rétablir un équilibre entre ce que nous achetons et ce que nous produisons », explique Jenette Ramos, SVP en charge des opérations et de la chaîne d’approvisionnement. Elle explique en revanche qu’il n’y a pas d’objectif quantitatif de fixé, ni de logique implacable de réduction du nombre de fournisseurs, l’idée état davantage de mettre l’accent sur l’efficacité et la productivité dans un système de production le plus agile possible.
Ce processus de réinternalisation a été tout de même été franchement engagé il y a deux ans et s’est encore accéléré en 2018, comme le montrent la coentreprise créée avec Safran dans les APU en juin, celle finalisée avec Adient sur la production de sièges la semaine dernière ou la récente acquisition de KLX. L’intérêt pour Boeing est de renforcer sa position sur l’après-vente et cette stratégie coïncide d’ailleurs avec la création de Boeing Global Services (BGS).
Actuellement, le chiffre d’affaires de BGS est de 15 milliards de dollars (2017). Cette année, il devrait dépasser les 16 milliards de dollars et l’objectif sur dix ans est d’atteindre 50 milliards de dollars de recettes par an.
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