Mitsubishi Aircraft envisage de se replier sur Nagoya. En raison des coupes décidées dans le budget de développement du SpaceJet, l’avionneur va fermer deux de ses trois sites nord-américains : son siège de Renton et le centre SpaceJet de Montréal. Les activités à Moses Lake sont quant à elles mises en pause.
Le siège américain de Renton (Washington) avait été inauguré au mois de juin dernier. Quant au centre d’ingénierie québécois, son ouverture avait été annoncée en septembre et il employait une quarantaine de personnes au 1er février. Pour les deux sites, les procédures de fermeture sont déjà engagées.
Les installations de Moses Lake ont obtenu un sursis. Elles ne seront pas fermées tout de suite mais leur activité est mise en pause, ce qui signifie que les vols d’essais sont suspendus. « Une équipe réduite va être maintenue pour entretenir les SpaceJet présents sur le site », nous confirme un porte-parole de l’avionneur. Mais l’objectif à terme semble bien de ramener toute l’activité au siège historique du groupe au Japon.
Ces décisions ont été prises quelques jours après que le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) a indiqué que la perte avait triplé sur le programme SpaceJet et qu’une révision du budget qui y était alloué avait été actée. Celui-ci a été divisé par deux pour 2021 et le développement du M100 – la version la moins capacitaire de la famille, destinée au marché américain, et seule solution pour une compagnie américaine désireuse d’acquérir un avion régional de dernière génération respectant la scope clause à partir de 2023 – a été remis en question.
Le groupe a affirmé être toujours pleinement impliqué dans la certification du M90 (ex-MRJ90) mais la production en série aurait été ralentie, selon les informations du Nikkei. Quoiqu’il en soit, avec l’arrêt des vols d’essais aux Etats-Unis, le programme pourrait prendre encore du retard – après six reports, l’entrée en service auprès d’ANA est pour le moment attendue pour l’année fiscale débutant en avril 2021.
Bien qu’il ait connu de grandes difficultés industrielles dans le développement du M90 (ce qui a repoussé d’au moins huit ans son entrée en service, pour le moment attendue après avril 2021), Mitsubishi Aircraft avait joué quelques beaux coups dans le secteur de l’aviation régionale. Son installation aux Etats-Unis le rapprochait du gigantesque marché américain et devait faciliter la certification avec la FAA, tandis que le rachat du programme CRJ à Bombarder (qui doit être finalisé le 1er juin) a éliminé l’un de ses principaux concurrents. Désormais, avec l’accumulation des pertes et les perspectives maussades sur le secteur de l’aviation régionale post-crise sanitaire, l’heure est davantage à la prudence.