2019 avait été très difficile pour Boeing et 2020 tout autant. L’avionneur américain a publié ses résultats annuels le 27 janvier et ceux-ci font état d’une explosion de la perte nette à 11,94 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires en baisse de 24% à 58,16 milliards de dollars. Il a également annoncé un glissement du calendrier du programme 777X.
Les résultats financiers ne sont pas une grande surprise. Boeing est dans la tourmente depuis l’immobilisation mondiale du 737 MAX en mars 2019. Mais à cette crise est venue s’ajouter celle liée à la pandémie de covid-19 et les problèmes de qualité sur le 787, qui ont mis un coup d’arrêt aux livraisons sur les autres programmes. Les pertes sont ainsi principalement dues à l’activité Aviation commerciale, même si toutes les activités ont ralenti. Ainsi, le secteur des services a lui aussi perdu 16% de son chiffre d’affaires (à 15,54 milliards de dollars) et son résultat opérationnel a chuté de 83% (à 450 millions de dollars), principalement en raison de l’immobilisation des avions commerciaux.
Toutefois, 2020 s’est achevée sur de bonnes nouvelles : la re-certification du Boeing 737 MAX par la FAA puis par l’ANAC brésilienne a permis le retour en vol de l’appareil et la reprise des livraisons. De quoi alléger un petit peu les charges du programme et soulager la pression. Transports Canada a autorisé à son tour la remise en service au Canada la semaine dernière et l’EASA vient de publier sa directive de navigabilité pour l’Europe. Boeing souligne que, entre décembre et le 25 janvier, quarante 737 MAX ont été livrés, cinq compagnies aériennes ont remis des appareils en service et que cette flotte a réalisé 2 700 vols commerciaux et 5 500 heures de vol.
La page de cette période difficile n’est toutefois pas encore tournée et Boeing reconnaît qu’il va devoir poursuivre ses efforts dans tous les domaines en 2021. La production des 737 MAX reste à un niveau bas, étant donné que l’appareil n’est toujours pas certifié partout (notamment en Chine), que des centaines d’appareils sont en stock et que la demande des compagnies n’est pas des plus pressantes. Les 787 seront produits à une cadence de cinq appareils par mois en mars, date à laquelle l’assemblage final sera exclusivement réalisé à Charleston.
Quant au programme 777, non seulement la production est au plus bas, à deux appareils par mois, mais Boeing a aussi dû se résoudre à reporter la première livraison du 777-9 à la fin de l’année 2023. Le calendrier avait déjà légèrement glissé et Emirates, l’une des principales clientes de l’appareil, s’était plusieurs fois exprimée à ce sujet. Mais les nouvelles exigences en matière de certification, l’impact de la pandémie sur la demande – et cet impact est particulièrement lourd sur les programmes de gros-porteurs -, et les nouveaux besoins des clients ont encore repoussé l’horizon de la mise en service. Une charge de 6,5 milliards de dollars a été portée au programme.
« L’année 2020 a été marquée par de profonds bouleversements sociétaux et planétaires qui ont considérablement touché notre industrie. L’impact exceptionnel de la pandémie sur le transport aérien commercial, associé à l’immobilisation au sol du 737 MAX, a eu des répercussions sur nos résultats. […] La pandémie continuera de soulever des défis pour l’industrie aéronautique commerciale en 2021, mais nous demeurons confiants dans notre avenir, concentrons résolument nos efforts sur la sécurité, la qualité et la transparence, et mettons tout en oeuvre pour rétablir la confiance et transformer notre entreprise », commente David Calhoun, président-directeur général de Boeing.