La production de carburants durables d’aviation (SAF pour Sustainable aviation fuels) va devoir accélérer. Une nouvelle campagne d’essais a été lancée par Airbus et Rolls-Royce avec le soutien du DLR (le centre allemand de recherche sur l’aviation) et Neste pour évaluer la faisabilité et l’impact technique et environnemental de l’utilisation de 100% de SAF dans les opérations commerciales. Un premier vol d’essai vient tout juste d’avoir lieu à Toulouse avec un A350-900 (MSN1), afin de vérifier la compatibilité des systèmes de l’appareil avec l’utilisation de carburant durable non mélangé à du kérosène classique.
Les essais de validation du carburant – « MY Sustainable Aviation Fuel », fourni par Neste – sont donc lancés. Ils seront suivis d’autres essais en avril et en automne, qui viseront à mesurer les émissions en vol. L’A350 d’Airbus sera alors flanqué d’un avion suiveur du DLR, un Falcon 20-E. En parallèle, des tests seront réalisés au sol pour analyser les émissions de particules dans le cadre des opérations aéroportuaires. Les participants à ce projet, baptisé ECLIF3 (Emission and Climate Impact of Alternative Fuels), veulent également évaluer les effets sur les performances de l’appareil de l’utilisation exclusive de SAF.
Airbus et Rolls-Royce sont tous deux déjà engagés sur plusieurs projets liés aux SAF. Rolls-Royce notamment a réalisé des essais statiques avec 100% de carburant durable sur un Trent 1000 équipé du démonstrateur ALECSys (Système avancé de combustion à émissions réduites) en décembre puis sur un Pearl 700 en début d’année (mais avec du carburant produit par World Energy). Simon Burr, directeur du développement des produits et de la technologie chez Rolls-Royce Civil Aerospace, explique que le motoriste souhaite promouvoir l’utilisation des SAF car « les voyages longue distance impliquent l’utilisation de réacteurs pour les décennies à venir. Les SAF sont donc essentiels à la décarbonation de ce type de voyages. » Il soutient par ailleurs des initiatives pour augmenter la disponibilité des SAF pour l’industrie aéronautique.
En effet, il faut non seulement prouver que leur utilisation n’a pas d’impact sur la sécurité et les performances des appareils, que le gain environnemental est réel (80% de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur le cycle de vie, selon Neste) mais il faut également parvenir à développer leur production à grande échelle. Confortée par le nombre croissant de contrats de fourniture qu’elle signe avec les compagnies dans le monde (et notamment aux Etats-Unis), la société finlandaise estime que la proportion de carburant durable utilisée dans l’aviation atteindra 10% en 2030 (contre moins de 1% avant la crise). Selon l’IATA, 100 millions de litres pourraient être produits en 2021. Avant la crise, plus d’une quarantaine de compagnies aériennes en avait déjà utilisé et près de 7 milliards de litres avaient été précommandés.