Lors de la présentation de ses résultats pour le premier trimestre 2016, Ryanair a longuement expliqué sa position par rapport au Brexit et a notamment indiqué que le résultat du référendum britannique aurait des conséquences sur sa stratégie à court terme. Mais malgré toutes les incertitudes que ce Brexit et la conjoncture économique et politique entraîne, la low-cost irlandaise a réussi à tenir le choc et maintient pour le moment ses prévisions pour son bilan annuel, même si elle reconnaît qu’elles pourraient se dégrader.
Qualifiée de « surprise et déception », la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne va provoquer une période d’incertitudes dans le pays et sur le continent. Ryanair estime que la livre sterling va rester faible et que la pression sur les tarifs des billets va s’accroître au moins jusqu’à la fin de l’année 2017. Une pression qui s’est déjà fait sentir au premier trimestre puisque ses tarifs ont diminué de 10% pour atteindre un niveau moyen de 39,92 euros le billet. Elle se poursuivra au deuxième trimestre, Ryanair anticipant une nouvelle baisse de 6% par rapport à la même période de 2015. La low-cost ne voit donc aucune raison de revoir ses prévisions en termes de tarification pour le second semestre, durant lequel ses prix perdront 10 à 12%. Elle précise que si changement il doit y avoir, ce sera pour une baisse plus importante encore.
La réaction se fera sous la forme de désaffection pour l’île : « nous détournerons notre croissance des aéroports britanniques pour nous concentrer davantage sur nos aéroports en UE dans les deux prochaines années. » Capacités et fréquences seront ainsi réduites sur plusieurs routes au départ de Londres (Stansted) cet hiver.
A plus long terme, le Brexit aura des conséquences pour les trois liaisons domestiques britanniques de Ryanair si le Royaume-Uni ne parvient pas à négocier un accès au marché unique ou au ciel ouvert européen. Inversement, une telle éventualité pourrait faire naître de nouvelles opportunités puisqu’elle poserait des obstacles aux « concurrents enregistrés au Royaume-Uni », qui ne pourraient plus réaliser de vols intra-européens (avec easyJet en ligne de mire) ou seraient obligés de renoncer à leur part majoritaire dans des compagnies de l’UE (et Ryanair vise là le rachat d’Aer Lingus par IAG).
Mais le Brexit n’est pas le seul facteur d’instabilité et d’incertitudes puisque Ryanair a également été affectée par les effets des grèves du contrôle aérien – notamment en France, tient-elle à préciser – et des attentats terroristes. Un millier de vols a dû être annulé au premier trimestre, annulations qui viennent s’ajouter à la baisse des yields.
Malgré cela, Ryanair a réussi à augmenter de 2% son chiffre d’affaires (à 1,65 milliard d’euros) et de 4% son résultat net (à245 millions d’euros), conformément à ses prévisions. Ce résultat a été permis grâce à l’augmentation du trafic (de 11% avec 31 millions de passagers), du coefficient d’occupation et des recettes auxiliaires (qui représentent 26% du chiffre d’affaires, contre 24% au premier trimestre 2015). En parallèle, les coûts hors carburant ont été réduits de 4% (9% en comptant la facture pétrolière).
Les réservations se présentant très bien pour le deuxième trimestre et les opportunités en Europe étant toujours nombreuses, Ryanair maintient ses prévisions pour un bénéfice annuel compris entre 1,37 et 1,43 milliard d’euros (+12% par rapport à 2015) mais précise que les risques sont importants que cette prévision soit rabaissée durant l’année. Elle estime tout de même qu’elle transportera plus de passagers que prévu, soit 117 millions au lieu de 116 millions.