Après la démission d’Etihad et le dépôt de bilan d’Air Berlin le 15 août, les discussions vont bon train en Allemagne pour reprendre les pépites de la compagnie allemande. Dans un entretien avec le quotidien Frankfurter Allgmeine Zeitung, Thomas Winkelmann, le CEO d’Air Berlin, a indiqué que trois compagnies avaient déjà manifesté leur intérêt pour la reprise de certains actifs, dont Lufthansa – qui s’était positionnée sur le dossier dès l’annonce du 15 août.
Si Thomas Winkelmann n’a pas souhaité citer les deux autres transporteurs intéressés, il a toutefois souligné qu’ils étaient « sérieux sur le plan financier, suffisamment importants en termes de volume pour assurer un avenir à Air Berlin et souhaitent opérer depuis l’Allemagne ». Condor, filiale du groupe Thomas Cook, est évoquée, ainsi qu’easyJet.
Le ministre allemand des Transports, Alexander Dobrindt, espère que l’essentiel revienne à Lufthansa : « nous avons besoin d’un champion allemand dans le transport aérien international. C’est pourquoi il est essentiel que Lufthansa puisse reprendre une part importante d’Air Berlin », a-t-il déclaré auprès du Rheinishe Post. Le groupe avait annoncé que les négociations avec Air Berlin concernant la reprise de certaines activités, voire d’une partie du personnel, avaient déjà commencé. Il envisagerait notamment l’intégration de 90 des 140 appareils d’Air Berlin – dont les 38 appareils de la famille A320 déjà couverts par l’accord de leasing pour les opérations d’Eurowings et Austrian, ainsi que les A321 opérés par Niki. Un accord pourrait être conclu dès la semaine prochaine.
Mais le gouvernement et Lufthansa doivent également compter avec les autorités anti-monopole. Une union de la première et de la deuxième compagnie allemande pourrait créer des situations de quasi-monopole sur plusieurs secteurs, les deux ayant été concurrentes jusqu’alors. Ryanair a d’ailleurs souligné très tôt le problème, dénonçant une « conspiration » et portant l’affaire devant le Bundeskartellamt allemand et la Commission européenne. La low-cost irlandaise craint qu’une redistribution inique des slots ne restreigne son accès aux principaux aéroports allemands.
Air Berlin s’est déclarée en faillite le 15 août. En difficultés depuis plusieurs années en raison d’une politique d’expansion trop rapide et un positionnement trop confus, la compagnie vivait aux crochets d’Etihad, son actionnaire principal avec 29,21% de participation. Mais la compagnie d’Abou Dhabi traverse elle aussi une zone de turbulences et elle a décidé d’arrêter les frais avec Air Berlin (comme avec Alitalia), dans laquelle elle injecte des fonds depuis six ans à perte – le dernier versement ayant eu lieu en avril pour un montant de 250 millions de dollars. Dès l’annonce de la faillite, le gouvernement allemand a annoncé qu’il allait octroyer une aide de 150 millions d’euros à la compagnie pour assurer ses activités jusqu’en novembre.
Air Berlin a publié une perte de 782 millions d’euros en 2016 et sa dette avoisine les 3 milliards d’euros.