L’aéroport de Berlin vient de fixer son huitième rendez-vous à ses futurs opérateurs et passagers. Lütke Daldrup, le président du conseil de surveillance de Flughafen Berlin Brandenburg (FBB), a indiqué le 15 décembre qu’il s’était fixé comme objectif une mise en service du nouvel aéroport en octobre 2020.
Si cette date ne paraît pas ésotérique et semble même plutôt optimiste au vu des péripéties de ces dernières années et de l’avancée des travaux sur la plateforme, elle pose un problème supplémentaire à Berlin en termes de desserte aérienne. L’aéroport de Tegel, qui assure aujourd’hui l’essentiel du trafic de la capitale allemande, est plus que saturé et ne peut rester opérationnel que grâce à un permis spécial qui expire en 2019. De nouvelles rénovations sont à prévoir pour le maintenir en état.
Par ailleurs, l’objectif d’une ouverture en 2020 à été fixé sans mention d’un éventuel BER Lite qui avait été évoqué par la presse allemande, c’est-à-dire une plateforme qui n’utiliserait que les jetées nord et sud et acheminerait les passagers par un terminal en préfabriqué accolé à la jetée nord, le T1E (initialement prévu dans les travaux d’agrandissement des prochaines decennies). De cette façon, les flux de passagers ne passeraient pas par le terminal principal, qui concentre les défauts de conception. C’est là en effet que le système de protection contre les incendies est défaillant car trop complexe, que le toit est trop lourd, que les câblages sont mal conçus, que les conduits de refroidissement sont mal isolés… Des défauts de conception qui s’associent à une mauvaise supervision des travaux, des soupçons de corruption et qui entachent le projet, dont le budget a explosé (6,5 milliards d’euros pour le moment). Cette question est d’ailleurs la prochaine sur laquelle le conseil de surveillance va se concentrer : comment financer le chantier jusqu’en 2020. Une réponse doit être apportée en mars prochain.
Envisagé depuis les années 1990 et en construction depuis 2006, le nouvel aéroport devait initialement ouvrir en 2011, entraînant la fermeture de Tempelhof et Tegel. L’avenir du très pratique Tegel est toutefois un débat en Allemagne. Si les autorités semblent déterminées à suspendre ses opérations comme prévu lors de l’ouverture de BER, elles exposent la capitale à un manque de capacités. Car même lorsque le terminal principal finira par être utilisé, il sera trop petit pour accueillir le trafic de Berlin, même avec le soutien de Schönefeld, l’aéroport principalement utilisé par les low-cost, qui doit, lui, rester en service. Le T1E n’est d’ailleurs rien d’autre qu’un projet d’extension déjà existant dans le plan à long terme de l’aéroport, qui a été avancé dans le calendrier.