« La cabine est un trou noir, nous devons l’éclairer ». C’est de cette constatation qu’est parti Bernhard Randerath, le vice-président Engineering d’Etihad Airways, pour pousser le projet d’une cabine intelligente. Il s’agit d’une cabine connectée, dont les différents éléments communiqueraient entre eux pour dresser un état général de la cabine. Le projet a vu le jour en décembre 2017 et réunit Etihad Engineering, Boeing, Jeppesen, Zodiac Aerospace, KID Systeme, Bühler Motor et l’université de technologie de Hambourg sous l’égide de Diehl Aviation (ex-Diehl Aerosystems) et avec le soutien du gouvernement allemand.
« Aujourd’hui, lorsqu’on entre dans une cabine, on ne sait pas ce qui ne fonctionne pas », explique Horst Lenhard, directeur de Zodiac Premium Galleys. Pour s’assurer qu’il n’y a pas de dysfonctionnement qui nuirait à l’image de la compagnie, celle-ci a recours à une quarantaine de mécaniciens qui vérifient régulièrement les sièges, galleys, compartiments bagages… De même, Etihad ajoute que la mise en place de galleys intelligents permettrait de réduire le temps que les équipages passent à chercher un produit.
Tous les participants du projet iCabin travaillent donc actuellement à la mise en place d’un standard dans les communications liées à la cabine, afin que chaque élément (galley, siège, toilettes, mais aussi certaines surfaces) communique, échange des informations et que ces informations puissent être collectées et analysées en temps réel. Ainsi, les équipages et les équipes de maintenance pourraient anticiper les dysfonctionnements et planifier les travaux de maintenance. L’intérêt de développer une plateforme ouverte et standardisée est de faciliter par la suite l’intégration des innovations ultérieures ou d’autres équipementiers.
Le projet a reçu une dotation de 3,9 millions d’euros du ministère allemand des Affaires économiques et de l’Energie et doit être développé d’ici mars 2021. « Je veux ce produit dans les avions en 2021 », a d’ailleurs affirmé Bernhard Randerath. « Toute l’industrie du transport aérien rêve de ce projet de connectivité », confirme Horst Lenhard.
Les tests seront initialement réalisés en Allemagne mais Boeing comme Etihad ont aussi leurs propres équipements d’essais qui pourront être mis au service du projet.
Chacun a également un rôle défini. Ainsi, Bühler Motor apporte sa connaissance dans l’utilisation des sièges, Etihad le retour utilisateur, Zodiac son savoir-faire dans les galleys et les cabinets de toilettes, les sous-systèmes et les systèmes électroniques, tandis que KID Systeme crée l’architecture réseau. Boeing et Diehl se portent davantage sur le domaine de la maintenance. Leader du projet, Diehl Aviation s’intéresse par ailleurs à l’expansion des fonctionnalités équipage, à l’aspect analyse des données, à l’amélioration des matériaux et des surfaces et à l’intégration des capteurs.