Le profil particulier du transport aérien indien en fait à la fois un secteur plein de promesses et très difficile. Le nombre de passagers est en pleine croissance, stimulé par la multiplication des compagnies low-cost dans le pays.
Mais en même temps, toutes les compagnies doivent faire face à des voyageurs pour qui le prix est le critère principal de sélection d’un vol et non les services associés, à une concurrence très développée et à un carburant particulièrement cher. Et chacune à son tour traverse des turbulences plus ou moins fortes. Cette fois, c’est Jet Airways qui a attiré les projecteurs à elle en décidant de reporter la publication de ses résultats trimestriels au début du mois d’août.
Après des semaines de spéculations sur l’état de ses finances, sur sa capacité à régler ses fournisseurs, sur des aides qui lui seraient octroyés par ces mêmes fournisseurs et les banques indiennes, le bilan est tombé. Jet Airways a vu son EBITDAR chuter de 123,3 millions de dollars au premier trimestre 2017 à 7,4 millions de dollars cette année. Et si le bénéfice était léger l’année dernière (8,2 millions de dollars), la perte est très importante cette année, à 188 millions de dollars. La compagnie explique que ces résultats sont principalement dus à la conjonction de la hausse du prix du pétrole (sa facture carburant a augmenté de 36%) et à la dépréciation de la roupie. Mais le maintien des yields à un niveau bas a joué également. Pourtant, il y a eu des améliorations, avec une recette au siège en hausse de 7,6% (due en partie à une réduction de l’offre) et un taux d’utilisation de la flotte accru de 3,7%.
Mais il y a urgence. Aidée par une injection de capital, Jet Airways a décidé de mettre en place de nouvelles mesures de réduction des coûts qui devraient lui permettre d’économiser 283,5 millions de dollars sur deux ans. Elles portent sur tous les domaines : maintenance, vente, distribution, carburant, réduction de la dette et augmentation de la productivité du personnel. Une simplification de la flotte est également prévue. Ainsi, une partie de la flotte d’ATR sera louée pour éviter la surcapacité et la sous-utilisation des biturbopropulseurs. La compagnie indienne a également décidé d’une simplification de la flotte de 737.
Elle ne renonce pas pour autant à sa croissance, qui sera principalement assurée par les 737 MAX. Les livraisons ont déjà débuté, une dizaine doit être livrée cette année et 225 au total dans la décennie. Ils moderniseront la flotte et le produit tout en accroissant les capacités de 8 à 10%. La commande n’est pas remise en question par les difficultés financières, Boeing ayant même fait partie des fournisseurs s’étant portés au secours de la compagnie ces derniers jours.