L’union fait la force. C’est en tout cas ce que veulent croire Icelandair et Wow Air. Plutôt que de se concurrencer et se nuire l’une à l’autre, les deux compagnies ont décidé d’unir leurs forces pour lutter plus efficacement sur le marché ultra-concurrentiel de l’Atlantique nord. La compagnie nationale a ainsi annoncé le 5 novembre l’acquisition de sa consoeur low-cost. La transaction se fera sous la forme d’un échange d’actions par lequel Icelandair prendra le contrôle total de Wow Air. Les actionnaires de la low-cost détiendront à terme 5,4% de la compagnie porte-drapeau. Le montage doit être approuvé par les actionnaires de deux parties et par les autorités islandaises.
Si la concurrence en Islande risque effectivement de se réduire d’un seul coup, il risque d’être difficile de s’opposer à ce rachat. En effet, les difficultés des deux compagnies sont connues, à tel point que le gouvernement a monté un groupe de travail chargé d’élaborer un plan d’urgence en cas de faillite de l’une des deux. Les conséquences économiques pour le pays seraient en effet énormes.
Icelandair prévoit de conserver les deux marques et les deux licences distinctes. Le rapprochement, qui leur donnera 3,8% de parts de marché sur le transatlantique, permettra en revanche de dégager des synergies intéressantes, selon le CEO par intérim d’Icelandair Bogi Nils Bogason, qui n’a pas communiqué davantage d’informations.
Les faiblesses d’Icelandair sont apparues au grand jour cet été, avec la démission de son CEO Björgólfur Jóhannsson au mois d’août. Celui-ci a pris la responsabilité d’une restructuration mal gérée des équipes commerciales et marketing mais aussi de son réseau, qui a introduit un déséquilibre entre ses activités européennes et ses activités nord-américaines, qui ont eu un fort impact négatif sur ses prévisions. La compagnie a ainsi revu plusieurs fois à la baisse ses prévisions d’EBITDAR au cours de l’année, tombant de 170-190 millions de dollars à 80-100 millions de dollars.
Quant à Wow Air, cela fait plusieurs mois qu’elle a attiré l’attention sur sa fragilité. Si elle vient d’annoncer l’ouverture d’une liaison vers Vancouver et qu’elle attend de desservir New Delhi, elle a également décidé de renoncer à trois liaisons en Amérique du nord et de réduire certaines fréquences, en raison de performances moins bonnes que prévu. Souffrant de la surcapacité sur l’Atlantique nord et d’une concurrence proposant des vols directs, elle a surtout subi de plein fouet la hausse des prix du carburant, contre laquelle elle n’était pas couverte.
Par ailleurs accusée d’être en retard dans le règlement de ses redevances en Islande, elle a récemment émis des obligations pour se renflouer et envisageait depuis un an une entrée en bourse pour lever entre 200 et 300 millions de dollars. Et si Skúli Mogensen, son fondateur et CEO, avait aussi envisagé un partenariat stratégique, il n’envisageait pas de céder plus de 50% de sa compagnie. Le vent a tourné.