La crise économique occasionnée par l’épidémie de covid-19 n’a pas complètement balayé les préoccupations environnementales. Alors que l’IATA a déclaré que ses compagnies membres restaient désireuses de se plier aux objectifs de CORSIA (avec toutefois un réaménagement), le gouvernement autrichien a décidé que toute aide à Austrian Airlines devrait être accompagnée d’engagements sur le plan environnemental.
Le groupe Lufthansa est en effet en train de négocier des aides avec le gouvernement de chacune de ses compagnies, afin d’avoir les moyens de se sortir de la crise. Les négociations avancent dans les quatre pays, la Belgique ayant assuré Brussels Airlines de son soutien, tout comme la Suisse à Swiss…
En Autriche, le gouvernement est lui aussi prêt à venir en aide à sa compagnie porte-drapeau mais pas sans que celle-ci ait à rendre des comptes aux contribuables : « il s’agit d’une industrie qui doit particulièrement contribuer à la protection du climat, il est tout à fait logique […] d’utiliser cette situation pour soutenir cette transformation », a déclarée la ministre (verte) de l’Environnement, Leonore Gewessler, citée par Reuters. Cela pourrait prendre la forme d’une réduction des vols court-courrier (ce qui était déjà en cours avec la suppression des vols domestiques avant la crise) ou le recours accru à du carburant durable d’aviation.
Bien entendu, d’autres conditions économiques et d’emploi devraient également accompagner une éventuelle aide. Le montant envisagé pour celle-ci n’a toutefois pas été communiqué, Leonore Gewessler évoquant simplement « plusieurs centaines de millions d’euros ». En attendant, la compagnie vient d’annoncer une extension de l’immobilisation de sa flotte jusqu’au 17 mai.
Avec la crise actuelle, les préoccupations environnementales ont été reléguées bien loin du premier plan dans les priorités des compagnies aériennes. Mais elles n’ont pas été totalement oubliées. L’IATA a plusieurs fois rappelé ces dernières semaines que ses membres avaient toujours l’intention de travailler au respect des objectifs du programme CORSIA mais qu’il allait falloir y apporter des ajustements. En effet, au travers de ce programme, les compagnies volontaires se sont engagées pour une croissance neutre en carbone à partir de 2021 en prenant comme référence les niveaux de 2020.
Evidemment, avec la grande majorité de la flotte mondiale clouée au sol, potentiellement pour une durée de trois mois, et la perspective d’une reprise lente (dans laquelle le trafic international ne sera qu’à 50% de son niveau pré-crise au quatrième trimestre), les niveaux de 2020 seront particulièrement bas et les engagements impossibles à tenir. L’IATA demande donc à l’OACI que les niveaux de 2019 soient pris en compte, en arguant que les efforts devront déjà être plus intenses que par rapport au plan initial.