Alors que l’heure est au serrage de ceinture, à la mise en temps partiel et aux licenciements de personnel navigant, CAE se montre au contraire plutôt optimiste quant à l’évolution des besoins en pilotes à moyen et long terme. Selon l’entreprise canadienne de formation, le secteur de l’aviation civile aurait besoin de 27 000 nouveaux pilotes d’ici la fin de l’année 2021.
Ces estimations semblent trop belles dans le contexte actuel, marqué par le marasme et le pessimisme. Ainsi, le syndicat britannique de pilotes BALPA a pris sur lui de lancer un appel à toutes les personnes désireuses de s’engager dans une formation de pilote pour qu’elles changent d’orientation, au moins temporairement. « BALPA a pris cette mesure extraordinaire pour éviter aux étudiants de payer plus de 100 000 livres sterling pour une formation et de se retrouver sans emploi à la fin », indique le syndicat.
Il souligne que, actuellement, 10 000 pilotes sont sans emploi en Europe, dont 1 600 au Royaume-Uni. Les autres sont souvent à temps partiel ou ont dû revoir leur salaire à la baisse. Par ailleurs, de futurs pilotes ont déjà débuté une formation et ne sont plus certains de trouver un poste à l’issue de leur cursus – notamment 200 qui devaient intégrer easyJet. « Il y aura moins d’emplois, et plus de personnes se les disputeront une fois la pandémie passée. »
CAE ne nie pas la noirceur de l’image du marché de l’emploi pour les pilotes en 2020. Avec un trafic qui pourrait être réduit de 66% sur l’année dans l’aviation commerciale et qui a vu le nombre de mouvements dans l’aviation d’affaires baisser de 27% entre janvier et août, l’organisme estime que le nombre de pilotes en activité va baisser de 87 000 cette année dans le monde (passant de 387 000 à 300 000, beaucoup avec une activité réduite).
En revanche, il espère une reprise dès l’année prochaine : la société estime qu’il faudra rappeler des pilotes et en former 27 000 de plus d’ici la fin de 2021. Les effectifs mondiaux de PNT pourraient alors retrouver leur niveau de 2019 dès 2022 et les problèmes de pénurie dont le secteur s’alarmait ces dernières années pourraient, plus tard, refaire surface.
Tout d’abord, les licenciements provoqués par la crise peuvent avoir poussé définitivement des pilotes vers d’autres carrières. Par ailleurs, les départs à la retraite sont appelés à être relativement nombreux dans les dix prochaines années, 38% des effectifs ayant plus de cinquante ans. CAE estime que 3,8% des pilotes en service dans l’aviation commerciale devraient quitter leur poste chaque année pour cette raison, 3,6% dans l’aviation d’affaires (auxquels s’ajoutent des transferts vers l’aviation commerciale à hauteur de 4% par an en moyenne). Ce qui se déroulera en parallèle d’une reprise de la croissance de la flotte, sur laquelle parie CAE.
CAE estime ainsi que, entre 2020 et 2029, l’industrie civile aura besoin de former 264 000 nouveaux pilotes – 219 000 pour l’aviation commerciale (126 000 pour les remplacements de départ et 93 000 pour répondre à l’augmentation de la flotte) et 45 000 pour l’aviation d’affaires (41 000 pour les remplacements de départ et 4 000 pour répondre à l’augmentation de la flotte). Les régions les plus demandeuses restent les mêmes, avec l’Asie en tête des besoins, suivie de l’Amérique du Nord et de l’Europe.
Mais les prochaines années s’annoncent difficiles pour la profession, même si les compagnies aériennes font ce qu’elles peuvent pour préserver leurs PN en prévision de jours meilleurs. Avec l’hiver et la réduction du niveau des aides, les prochains mois s’annoncent davantage marqués par une stagnation voire des réductions de capacité que par une reprise de l’activité.