Rouge se prépare à sa transformation. Avec l’allègement des restrictions de voyage au Canada, qui ont un petit peu ralenti la reprise par rapport à d’autres régions du monde, Air Canada a en effet eu la démonstration que les voyages loisirs étaient ceux qui allaient permettre aux compagnies aériennes de redresser leur activité, donc que sa filiale loisirs était essentielle à sa stratégie. Mais la compagnie constate également que l’environnement dans lequel elle évolue a changé et que son positionnement allait devoir être ajusté, pourquoi pas de façon à lutter contre le renforcement des compagnies ultra-low-cost.
La transformation a déjà commencé à cause de la crise sanitaire. A son lancement en 2013, Rouge exploitait en effet des Airbus A319 et des Boeing 767-300ER, issus de la flotte d’Air Canada. Les deux flottes, monocouloirs et gros-porteurs, ont évolué en parallèle, celle de monocouloirs profitant peu à peu de modules plus grands (A320 et A321). La survenue de la pandémie de covid-19 et ses conséquences ont poussé Rouge à sortir tous ses (vingt-cinq) 767 de la flotte dès mars 2020 – ainsi que deux A319 -, abandonnant ainsi ses dessertes les plus longues, notamment vers l’Europe et l’Amérique du Sud, et lui laissant une flotte réduite à une petite quarantaine d’Airbus (dont une douzaine n’a pas encore repris le service).
Lucie Guillemette, EVP et directrice commerciale du groupe Air Canada, indique que la forme actuelle de la flotte va persister. « Nous avons saisi l’opportunité de recentrer Rouge en tant qu’opérateur de monocouloirs exclusivement pour le moment et concentré sur les marchés loisirs depuis l’est du Canada. » Le choix, même s’il a été un petit peu contraint, d’une flotte homogène lui permettra d’être plus efficace et de réduire son exposition à la saisonnalité.
Mais Air Canada ne va pas s’arrêter là. Rouge évoluant dans un marché hautement concurrentiel – face à WestJet, sa filiale Swoop, Flair Airlines et très bientôt Lynx Air et Canada Jetlines -, la compagnie a lancé une réflexion pour la positionner sur le segment des vols ultra-low-cost en plus des vols loisirs. La réflexion est large et porte sur « la flotte, le produit, la distribution et plus généralement sur le positionnement global de la marque ». Elle est lancée alors qu’une partie de la flotte va atteindre sa fin de vie opérationnelle autour de 2025 (cela concerne la majorité de ses vingt A319). « Nous voyons une grande opportunité pour Rouge de devenir plus importante à l’avenir », conclut Lucie Guillemette.