La croissance continue du trafic en Europe durant le premier semestre est un sujet de réjouissance pour l’ACI Europe mais ne détourne pas son attention des difficultés à venir après la saison été. L’organisme constate que les modèles de reprise sont devenus structurels, modifiant la physionomie du ciel européen, et s’inquiète de la persistance des pressions qui pèsent sur le pouvoir d’achat des potentiels passagers. Pourtant, le premier semestre envoie des signaux positifs sur l’état du secteur.
En effet, l’ACI Europe rapporte une augmentation du trafic de 28,3 % dans la région qu’il couvre, avec une croissance deux fois plus rapide sur le réseau international par rapport au réseau intérieur (32,2 % contre 16,6 %). Le rythme de croissance a été ralenti au deuxième trimestre par rapport au premier, car les freins au voyage étaient complètement levés en avril de l’année dernière.
En comparaison avec 2019, le trafic reste en retrait de seulement 7,7 %. Mais l’amélioration a été continue chaque mois.
Mais Olivier Jankovec, le directeur général d’ACI Europe, souligne que « 2023 n’est pas 2019 ». Les performances sont bien moins uniformes et varient de façon significative d’un marché à l’autre. « Les volumes restent inférieurs à leurs niveaux d’avant la pandémie pour plus de la moitié (52 %) des aéroports européens », met-il en avant.
« Cette situation s’explique en grande partie par le fait que les modèles de reprise deviennent structurels. Il s’agit notamment de l’expansion impressionnante mais sélective des transporteurs à très bas coûts et du repli relatif des compagnies traditionnelles, ainsi que de la prédominance de la demande en matière de voyage loisirs et VFR et du transfert d’une partie du trafic intérieur vers d’autres modes de transport. »
Il s’inquiète également de la capacité de la demande à rester à un niveau aussi élevé que ses derniers mois. « Jusqu’à présent, la demande est restée extrêmement résistante face aux pressions inflationnistes et aux augmentations record des tarifs depuis le début de l’année. Mais si l’on regarde vers l’avenir et au-delà des mois de pointe de l’été, nous voyons d’importants risques de baisse et beaucoup d’incertitude. » Il évoque le risque d’une détérioration des économies européenne et britannique et un budget potentiellement plus restreint des ménages, qui pourraient réduire leurs dépenses alors que l’épargne générée durant la crise sanitaire a été épuisée.
L’ACI Europe annonce par ailleurs que l’aéroport de Londres Heathrow est redevenu l’aéroport le plus utilisé au premier semestre (avec 37 millions de passagers), devant celui d’Istanbul (avec 35,6 millions de passagers, il est le seul aéroport du top 5 à avoir dépassé son niveau pré-crise) puis ceux de Paris CDG, Amsterdam et Madrid. Parmi les aéroports les plus importants, ceux ayant au moins atteint leur niveau de trafic de 2019 sont ceux reposant sur le trafic loisirs (Lisbonne, Athènes, Palma de Majorque et Istanbul) et sur les vols transatlantiques (Dublin).