C’est au tour de Lufthansa de s’allier avec la compagnie nationale italienne. Le 3 juillet, la Commission européenne a finalement approuvé l’acquisition par le groupe allemand d’une participation de 41 % dans ITA Airways. Le dossier courait depuis mai 2023 et ce feu vert s’accompagne de conditions.
La Commission européenne avait en effet trois inquiétudes face au projet. La première concerne le maintien de la concurrence sur plusieurs liaisons court-courrier, entre l’Italie et l’Europe centrale principalement. Le groupe Lufthansa et ITA Airways ayant des réseaux largement complémentaires, il s’agit du seul segment où ils se trouvent réellement en concurrence. La deuxième porte sur le risque de position dominante du nouveau groupe à l’aéroport de Milan Linate.
Pour ces deux préoccupations, le groupe Lufthansa et ITA Airways proposent de céder les créneaux à Milan Linate et à Rome Fiumicino – les deux hubs d’ITA – nécessaires à l’installation d’une ou deux compagnies qui s’engageraient à se positionner sur les liaisons entre l’Italie et l’Europe centrale. Le nombre de créneaux cédés à Milan permettra l’installation d’une base durable par un concurrent. Par ailleurs, le groupe s’engage à conclure des accords de coopération avec l’une de ces nouvelles arrivantes pour lui donner un accès au réseau national d’ITA, ce qui lui permettra d’offrir des liaisons indirectes entre certains aéroports d’Europe centrale et certaines villes italiennes autres que Rome et Milan.
Le troisième risque identifié par la Commission européenne dans la transaction concerne les liaisons long-courrier, entre l’Italie et l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada). Elle considère en effet l’acquisition d’ITA comme prévoyant son intégration dans la coentreprise sur l’Atlantique Nord, qui rassemble aujourd’hui les compagnies du groupe Lufthansa, United Airlines et Air Canada. Pour pallier ce risque, « l’entreprise issue de la concentration conclura des accords avec des concurrents afin d’améliorer leur compétitivité sur les liaisons long-courriers qui suscitent des préoccupations, par exemple des accords interligne ou d’échange de créneaux », indique la Commission.
L’application de ces conditions est indispensable avant toute mise en oeuvre de la reprise, tout comme l’obtention de l’approbation des autres autorités réglementaires concernées. La Commission souligne qu’elle a approuvé le projet car, « bien qu’ITA enregistre de bonnes performances aujourd’hui, sa viabilité à long terme en tant que transporteur autonome serait restée très incertaine sans l’opération. »
Le groupe Lufthansa s’attend à ce que la transaction soit finalisée au cours du quatrième trimestre 2024. Il va investir 325 millions d’euros dans la compagnie italienne pour prendre une participation de contrôle de 41 % (le reste étant détenu par le ministère italien de l’Economie et des Finances), avec la possibilité d’acquérir l’intégralité de la compagnie à l’avenir. ITA deviendra la 5e compagnie de réseau du groupe (aux côtés de Lufthansa, Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines) et conservera sa marque.
Dès la finalisation de la transaction, les réseaux des cinq compagnies seront liés, ainsi que les programmes de fidélisation (Miles & More et Volare). Il est par ailleurs prévu qu’ITA intègre Star Alliance rapidement.
Lufthansa souligne que l’Italie est son deuxième plus important marché (hors marchés domestiques) après les Etats-Unis et l’un des plus importants en Europe. Le groupe a fait plusieurs tentatives avant celle-ci pour s’y renforcer, avec Air Dolomiti puis Lufthansa Italia (aujourd’hui disparue).