« C’est vraiment un partenariat gagnant-gagnant, je dirais même gagnant-gagnant-gagnant » a annoncé depuis Toulouse Tom Enders, le Président exécutif d’Airbus lors d’une conférence téléphonique organisée peu après minuit heure de Paris ce 17 octobre avec Alain Bellemare, Président et chef de la direction de l’avionneur canadien Bombardier.
« C’est réellement gagnant pour tout le monde, d’abord pour nos clients qui apprécient les qualités des avions CSeries, pour le programme dont nous allons assurer le succès à son plein potentiel, mais aussi pour les différentes usines qui participent à sa production, aussi bien au Canada, au Royaume-Uni et en Chine, mais aussi aux États-Unis » a poursuivi Tom Enders. « Et c’est aussi gagnant pour nous chez Airbus, car nous allons étendre notre présence sur le segment de marché des monocouloirs de 100 à 150 sièges. »
Airbus et Bombardier vont ainsi créer une société commune baptisée CSeries Aircraft Limited Partnership (CSALP) qui sera entièrement dédiée à la production et à la commercialisation des monocouloirs CS100 et CS300 de Bombardier. Cette structure sera majoritairement détenue par l’avionneur européen avec une participation de 50,01%, Bombardier et Investissement Québec se réservant respectivement 31% et 19%. La finalisation de la transaction est attendue pour le second semestre 2018.
À noter qu’Airbus n’apportera d’ailleurs pas directement de capital en numéraire, mais plutôt son savoir-faire au niveau des achats et du marketing, sa force commerciale, et son puissant réseau de support au niveau mondial.
« Maintenant, avec l’aide d’Airbus, nous allons enfin pouvoir hisser la famille CSeries à son plus haut potentiel » s’est pour sa part réjoui Alain Bellemare. « C’est le partenariat rêvé pour Bombardier, un véritable tournant stratégique qui va nous permettre de créer de la valeur » annonce-t-il.
Tom Enders a également annoncé qu’une ligne d’assemblage final dédiée à la famille CSeries pourrait également voir le jour à Mobile (Alabama), « dans un temps relativement court », à côté de la FAL A320 et au plus près de ses clients basés aux États-Unis. Selon lui, de nombreuses compagnies américaines se sont d’ailleurs montrées intéressées par la famille CSeries, mais elles hésitaient jusqu’à présent à passer commande tant que le programme n’était pas entièrement sécurisé. Le Président exécutif d’Airbus a aussi reconnu que des appareils CSeries assemblés aux États-Unis ne seraient logiquement pas concernés par les mesures anti-dumping annoncées par le département américain du commerce qui visent Bombardier depuis ces dernières semaines.
Concernant l’impact de la création d’une ligne d’assemblage finale sur les activités de Mirabel, Alain Bellemare s’est voulu rassurant, indiquant même que le partenariat avec Airbus générera « plus de volume et donnera de réelles certitudes sur le programme. »
Pour ce qui est de la potentielle cannibalisation des deux familles de monocouloirs, Tom Enders a voulu rappeler qu’Airbus se concentrait désormais sur l’A320neo, qui peut transporter plus de 180 passagers et sur l’A321neo, plus capacitaire. « Quant à l’A319, il faut être honnête, nous n’en avons pratiquement pas vendu depuis 5 ans » a-t-il précisé.
Le Président exécutif d’Airbus a enfin révélé que les discussions avec Bombardier avaient démarré au mois d’août. Contrairement aux précédentes négociations entamées par les deux avionneurs en 2015, « cette fois la décision était beaucoup plus facile à prendre, car les CS100 et CS300 sont des avions certifiés, tout comme l’A320neo ».
Le marché des monocouloirs affichant une capacité comprise entre 100 et 150 sièges est estimé à plus de 6000 nouveaux appareils sur les 20 prochaines années.