La précision des données de contamination d’une piste a franchi une nouvelle étape. Un projet mené par Airbus et sa filiale Navblue depuis 2015 s’est concrétisé par la création d’un nouveau produit à destination des opérateurs de la famille A320. Baptisée BACF (Braking Action Computation Function), cette nouvelle fonctionnalité a pour but de réduire les risques de sortie de piste pour cause de contamination (eau stagnante, neige, glace…).
BACF permet en effet de recueillir les données de l’état de la piste après un atterrissage et de les rendre consultables sur les MCDU (FMS) de l’appareil quelques secondes après avoir décéléré au-dessous des 30 noeuds. Le degré de contamination de la piste est alors calculé en fonction du taux de décélération réellement constaté, en prenant en compte toutes les différentes contributions au freinage (traînée aérodynamique, speed-brake, freins). C’est en ne retenant que la donnée du freinage des roues et en la comparant à un modèle reprenant différentes performances de freinage que l’état de la piste peut alors être catégorisée (RWYCC de 0 à 5), puis comparé aux données transmises par les services de la circulation aérienne.
Mieux, en utilisant les données GPS des systèmes de navigation, il est désormais possible d’identifier la portion de piste sur laquelle se trouve l’appareil et ainsi d’identifier successivement l’état de contamination en différents points de la piste.
BACF transforme finalement l’avion en un véritable capteur de mesure de l’état de la piste. Les pilotes peuvent ensuite communiquer ces données par radio au contrôle aérien de la plateforme pour affiner ou corriger celles transmises aux autres appareils en approche, avec un taux de mise à jour beaucoup plus important qu’avec les mesures traditionnelles.
Mais BACF envoie aussi les données automatiquement par ACARS à Navblue qui les rend accessibles aux opérateurs et aux aéroports via sa plateforme RunwaySense. Une vraie cartographie en temps réel de l’état des pistes peut alors être partagée, notamment pour mieux identifier des tendances.
Les trois premières compagnies à adopter la fonctionnalité BACF sont Finnair, SAS Scandinavian Airlines et Novair. Ces compagnies vont permettre une mise en service « contrôlée » de la nouvelle fonctionnalité avant son déploiement généralisé à partir de l’année prochaine. BACF sera d’abord proposée en retrofit via une mise à jour logicielle de l’ATSU (Air Traffic Services Unit) puis pourra être installée directement en FAL à la fin 2019.
Airbus précise aussi que l’A330 sera le deuxième programme à offrir cette nouvelle fonctionnalité (très certainement pour répondre aux besoins des mêmes opérateurs nordiques), une décision concernant les programmes A350 et A380 devant quant à elle intervenir au cours de l’année prochaine. Les A300/A310 sont d’office exclus.
La plateforme RunwaySense de Navblue sera disponible aux opérateurs partageant leurs données de freinage grâce à la fonctionnalité BACF mais dans une version basique. Elle sera par contre commercialisée pour les besoins des aéroports et du contrôle aérien.