Si Dassault Aviation, et ses partenaires sur le Rafale, ont ouvert la voie en 2016, Airbus a aussi l’intention de concrétiser de très importants contrats à très court terme, même de façon indirecte.
C’est d’ailleurs la presse indienne et en particulier le quotidien Hindustan Times qui a progressivement révélé certains détails des propositions avancées par la France à New Delhi depuis le mois de décembre, en particulier lors de la visite d’Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique du Président de la République Emmanuel Macron, sur place dans le cadre 34e session du dialogue stratégique franco-indien début janvier.
L’Inde est d’ailleurs partie prenante de l’exercice de projection Skyros menée par l’armée de l’Air et de l’Espace depuis Djibouti depuis le 20 janvier (avec les Émirats arabes unis, l’Égypte et la Grèce). Des Rafale français et indiens vont ainsi s’entraîner ensemble au-dessus du Rajasthan dans les prochains jours, venant ainsi encore renforcer les liens entre les deux pays. Cet exercice est d’autant plus important que la Chine et le Pakistan se sont livrés à des exercices d’ampleur près de la frontière nord-ouest de l’Inde au cours de ces derniers mois.
Dassault Aviation pourrait tout d’abord vendre 36 nouveaux Rafale à l’Indian Air Force (IAF), alors que l’Inde s’est déjà vu livrer 11 chasseurs multirôles de l’avionneur français sur les 36 déjà commandés. Trois nouveaux exemplaires doivent d’ailleurs quitter Mérignac pour la base aérienne d’Ambala (Haryana) à la fin du mois de janvier. Cette nouvelle commande potentielle de Rafale devrait par contre être en grande partie produite sous licence cette fois, répondant ainsi à l’initiative « Make in India » si chère au gouvernement indien.
Airbus Helicopters ne serait pour sa part pas en reste, avec un contrat potentiel portant sur plus d’une centaine d’hélicoptères AS565MBe Panther, le dérivé lointain de la famille Dauphin, notamment pour les besoins de la marine indienne. Les Panther ne seraient par ailleurs pas produits à Sacheon (Corée su Sud) par le biais de KAI, alors que l’usine d’Airbus Helicopters de Marignane n’assemblera plus aucun hélicoptère de la famille Dauphin à partir de cette année, mais bien en Inde avec la mise en place d’une ligne d’assemblage sur place. Pour rappel, certaines pièces du programme sont d’ailleurs déjà produites par Mahindra à Bangalore.
Enfin, l’IAF pourrait aussi se doter d’une flotte de 6 Airbus A330 MRTT pour accroître ses capacités de ravitaillement et de projection dans la région. Des discussions ont d’ailleurs beaucoup progressé sur le sujet et l’Inde étudie particulièrement les propositions de la France qui consisteraient à lui louer, ou à lui céder 6 des exemplaires actuellement en services au sein de l’Armée de l’Air et de l’Espace dès qu’ils franchiront l’âge des cinq ans. De nouveaux Phénix seraient alors commandés à Airbus pour les besoins de la défense française.
La France met donc clairement le paquet en Inde. En échange, elle se serait engagée à ne plus fournir, moderniser ou soutenir ses équipements vendus au Pakistan, par exemple pour les vieux Mirage III et Mirage 5 encore en service ou pour les cinq sous-marins d’attaque de la classe Agosta.