Le Journal de l’Aviation était à Dubaï pour le salon MRO Middle East qui s’est tenu les 23 et 24 janvier. Nous avons à cette occasion rencontré Alexandre Mule, Co-Directeur général d’Aerostructures Middle East Services (AMES), la joint-venture détenue à 50-50 par Air France-KLM (au travers d’AFI KLM E&M) et Safran Nacelles. Alexandre Mule partage la direction d’AMES avec Thierry Baud.
Comment est né AMES à Dubaï ?
Cette société a ouvert ses portes le 1er mars 2010, avec l’objectif à l’époque d’assurer des services MRO de nacelles de moteurs. Safran Nacelles est l’OEM de ce type de produit sur beaucoup d’appareils Airbus et l’intérêt de cette JV a été qu’Air France Industries avait des capabilités complémentaires par rapport à celles de Safran Nacelles, par exemple en assurant la maintenance de nacelles qui n’étaient pas fabriquées par Safran. Complémentarité d’intérêt et complémentarité technique ont donc conduit à l’ouverture du « shop » en 2010 et nous avons développé depuis des capacités sur une large gamme de nacelles, aussi bien sur Airbus que sur Boeing. C’était la première étape.
Ensuite, nous avons eu l’opportunité de développer de nouveaux types de produits en nous étendant sur les radômes et d’autres éléments d’aérostructures en composites, les slats, les flaps… En fait la compétence en réparation composite acquise sur la nacelle, notamment avec le support de Safran Nacelles qui est d’ailleurs un Centre d’Excellence Composites au sein du groupe Safran, et celui d’AFI KLM E&M, nous a permis d’utiliser ces capacités sur d’autres produits sur lesquels on retrouve finalement les mêmes métiers.
AMES est le fer de lance de nos deux maisons mères, Safran et Air France, dans la région. Les parties engineering, lease pool, le Customer support center, le call support 24/7, tout cela est assuré par nos deux maisons mères et notre vocation c’est d’assurer cette activité MRO pour les clients du Moyen-Orient et de la péninsule indienne. En fait, nous sommes finalement la partie visible d’un « iceberg » pour un Moyen-Orient élargi qui s’étend jusqu’au Sri Lanka.
Vous venez d’annoncer la réparation de quatorze radômes pour cinq compagnies aériennes grâce à un grand autoclave…
Nous avons fait venir un autoclave de trois mètres de diamètre qui était auparavant utilisé par Air France Industries au Bourget. Opérationnel depuis le premier semestre 2016, cet autoclave est aujourd’hui le seul disponible dans la région pour une station MRO. L’objectif était d’étendre nos capacités de réparation en aérostructures et le succès est au rendez-vous, car depuis le démarrage opérationnel de l’autoclave, nous avons déjà cinq compagnies aériennes qui nous font confiance pour des radômes Airbus A320 et Boeing 737. Le cheminement c’est : acquisition de connaissance technique pour les nacelles et exploitation de ces compétences sur d’autres produits.
Quel volume cela représente-t-il ?
Pour les gros éléments, nous sommes à peu près à une soixantaine qui sortent par an, c’est à dire plus d’un par semaine. Nous sommes également en train de réfléchir à développer de nouvelles capabilités tout en restant toujours dans l’esprit d’exploiter nos compétences en réparations composites. Nous nous rendons compte de plus en plus que la demande du marché est forte sur ce type de compétences liées aux nouveaux avions qui utilisent de plus en plus de masse en composite. Le fait que nous puissions à la fois faire nous mêmes les réparations et envoyer des équipes chez les clients pour faire des réparations sur place, c’est quelque chose qui rencontre un grand succès.
Le secteur a connu un certain ralentissement ces dernières années au Moyen-Orient. Quel est votre sentiment aujourd’hui ?
Comme tout le monde nous avons constaté les défis rencontrés au niveau financier par les compagnies aériennes de la région. Ce que nous voyons aussi, c’est que cela peut nous permettre de montrer aux compagnies aériennes qu’en travaillant avec une structure comme la nôtre, sans doute un peu plus flexible que les « shop » en interne, elles peuvent faire des économies sur leur maintenance. Nous pouvons leur apporter des solutions pour réduire leurs coûts de maintenance. Nous comprenons que c’est important aujourd’hui, plus important qu’il y a quelques années. C’est une opportunité qui va nous permettre de proposer des services encore plus innovants pour les aider. Notamment, nous proposons de travailler chez eux, dans leurs ateliers. Cela évite les contraintes logistiques et les frais de transport. Il est temps de proposer des systèmes clés en main où nous arrivons, nous inspectons le matériel, nous effectuons la réparation et nous émettons la release. C’est typiquement le genre d’activité que nous pouvons développer et c’est quelque chose que les opérateurs commencent à regarder de près.
Vous venez de signer deux contrats à l’occasion du salon MRO Middle East. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Bien sûr, et cela rejoint parfaitement l’accompagnement des compagnies aériennes pour arriver à optimiser leurs coûts. Safran Nacelles a signé deux contrats de support, le premier avec Egyptair sur le programme A330 Trent 700 sur lequel nous allons assurer la maintenance de leurs inverseurs de poussée et le second avec Kuwait Airways pour assurer la maintenance complète de leurs nacelles Trent 700. AMES va être l’outil opérationnel pour porter ces deux contrats.
La flotte de monocouloirs va considérablement évoluer dans les toutes prochaines années, et cela évidemment se combine avec le projet pharaonique de Dubai South. Autant de belles perspectives pour AMES ?
Pour nous c’est une bonne nouvelle, car nous sommes implantés à proximité de DWC (Dubai World Central). Cela va donc nous rapprocher de nos clients. Quant à la flotte de monocouloirs qui va grossir, nous avons un gros marché devant nous avec les A320neo équipés de LEAP-1A, Safran faisant la nacelle complète. Naturellement, pour toutes les réparations et la maintenance sur ces produits, AMES va faire en sorte d’être compétitif auprès des opérateurs grâce à son statut d’affilié OEM.
Et l’Inde, c’est d’ailleurs beaucoup de monocouloirs remotorisés qui vont arriver en flotte ces prochaines années…
Oui, avec les différentes annonces d’A320neo en LEAP-1A, c’est un gros marché. Nous travaillons déjà en Inde, pour des radômes d’une certaine compagnie indienne et nous avons déjà des flux commerciaux qui existent. Et demain, c’est effectivement une région qui va devenir de plus en plus importante pour nous.