L’année qui s’achève sera assurément une année historique pour Sabena technics et ces dernières semaines le reflètent encore. L’inauguration de la nouvelle salle de peinture dédiée aux A350 et A330 d’Airbus à Toulouse nous a permis de rencontrer l’équipe de direction du groupe MRO français.
Sabena technics, qui a vu son actionnariat profondément évoluer avec la prise de participation majoritaire des fonds Sagard, Bpifrance et TowerBrook au côté du groupe TAT (famille Marchais) quelques jours avant la dernière édition du salon du Bourget, est désormais mieux armé pour poursuivre sa stratégie de croissance et ainsi répondre à l’augmentation de la flotte en Europe.
Philippe Rochet, le président de Sabena technics, annonce d’ailleurs que le groupe réalisera un chiffre d’affaires qui flirtera avec les 500 millions d’euros cette année. Mieux, le plan de charge de l’année 2020 est pratiquement plein, avec des réservations qui commencent désormais à remplir les capacités des sites du groupe pour 2021. Il note d’ailleurs que l’évolution de la demande en Europe est très forte et que l’augmentation de la flotte du continent, « non proportionnelle à l’augmentation des capacités de maintenance », est un vrai sujet d’interrogation.
Livraison du nouveau hangar pour gros-porteurs de Bordeaux
Mais après l’inauguration de la grande cellule de peinture SA4 à Toulouse, c’est au tour du site de Bordeaux-Mérignac de faire l’actualité cette semaine avec la livraison d’un nouveau hangar de maintenance géant pour venir répondre à l’augmentation du nombre d’avions gros-porteurs en Europe.
Ce nouveau bâtiment de 10 000 m2, qui sera officiellement inauguré en janvier, pourra accueillir un appareil de type Airbus A350-1000 ou Boeing 777-9 (la version la plus capacitaire de la famille 777X), ou jusqu’à trois A400M simultanément. Il vient ainsi porter à 100 000 m2 la superficie totale des installations de maintenance et de modification du site.
Philippe Rochet a d’ailleurs de grandes ambitions pour ce nouveau hangar, avec un objectif de quelque 200 000 heures de production par an, une forte activité qui s’accompagne évidemment d’un nombre de recrutements important.
L’activité de Perpignan monte aussi en cadence
Mais l’augmentation des capacités de maintenance de Sabena Technics avait déjà commencé au début de l’année avec la reprise du site de New EAS à Perpignan, des installations disposant d’une capacité de 6 monocouloirs A320 en simultané avec une position pour un gros-porteur de type A330/A340.
« Nous sommes vraiment satisfaits de ce que nous avons réalisé en moins d’un an à Perpignan, avec un plan de charge complet et des effectifs que nous allons commencer à augmenter, notamment grâce au recours à des contrats d’alternance, comme nous le faisons sur nos autres sites » annonce Philippe Rochet. Il précise d’ailleurs que le site de Perpignan, qui emploie aujourd’hui 170 personnes, a vu son objectif de chiffre d’affaires atteint pour l’année 2019, avec une progression prévue l’année prochaine, conformément à ce qui avait été imaginé lors de la reprise.
« Mais le site de Perpignan c’est surtout du personnel formé, expérimenté, et qui a une très bonne performance, ce qui nous permet de remplir nos engagements vis-à-vis des grandes compagnies européennes clientes de Sabena technics » précise-t-il. Philippe Rochet note d’ailleurs que la grande particularité de Sabena technics, qui est d’avoir une activité partagée à 50/50 entre le civil et le militaire, s’exprime aussi sur le site de Perpignan avec une activité qui concerne les Hercules C-130 de clients étrangers. « Nous y avons aussi accueilli un Hercules français pour une visite B » a-t-il révélé.
Une première C-Check entièrement digitale
Autre axe de développement stratégique pour Sabena technics, la mise en place de solutions digitales pour ses activités de maintenance. Le site de Bordeaux a ainsi réalisé une grande visite pour un A330 de Corsair (2C-Check) il y a quelques semaines en mode totalement digital. Cette visite programmée, qui a duré près de 3 semaines et qui a nécessité plusieurs milliers d’heures de travail, a été réalisée par des techniciens connectés au travers de tablettes numériques. « Nous avons ainsi réalisé pour la première fois une visite d’aéronef avec aucun papier » se réjouit Philippe Rochet.
Il rappelle d’ailleurs qu’un véritable plan de transformation digitale a été mis en place, avec une priorité donnée sur les métiers de l’airframe (maintenance et modifications), qu’il s’agisse d’aéronefs civils ou militaires. « Nous allons continuer à nous déployer sur d’autres domaines pour lesquels la digitalisation peut apporter une expérience client très différente, avec des interfaces plus modernes » poursuit-il. Le président de Sabena technics explique d’ailleurs que le personnel du groupe a beaucoup rajeuni, au fur et à mesure de son augmentation. « Ces jeunes attendent des moyens de travail modernes comme ceux qu’ils utilisent au quotidien, et cela amènera de la performance et de la robustesse aux services que nous délivrons à nos clients » a-t-il expliqué.