Mikaël Marsal, le Directeur de la division Flight Operations d’AKKA annonce que cette activité est née d’une nouvelle stratégie menée par le groupe d’ingénierie et de conseil technologique. Ancien militaire alignant plus de 15 années d’expérience dans les seules opérations aériennes en tant que mécano-nav, Mikaël Marsal se souvient que lorsqu’il a rejoint les équipes d’Aeroconseil, les « Flight Ops » au sein du groupe à l’époque étaient essentiellement de l’assistance documentaire pour Airbus puis pour différentes compagnies aériennes, ainsi que de l’analyse de données après vol dans le domaine de la safety. « Mais pour moi, les Flight Ops, c’était surtout se rapprocher au plus près des opérations des compagnies aériennes. Cette idée a fait son chemin et c’est comme cela qu’est né l’AOCC » se souvient-il.
Évidemment Mikaël Marsal souligne que le lancement d’un tel projet n’a pas été simple. La première étape était de trouver les partenaires et les solutions software appropriées pour pouvoir apporter le soutien le plus adapté aux opérateurs (solutions Jeppesen, solution eWAS Dispatch de SITAONAIR et GTD…). « Il a ensuite fallu créer la solution, ses types de briefings packages, et définir la valeur ajoutée que nous allions apporter au marché et notamment comment les pilotes pouvaient gagner du temps lors du briefing, comment ils pouvaient s’approprier leur plan de vol dans un délai plus réduit » explique-t-il. « Il fallait aussi monter en compétence sur l’ETOPS et travailler dans des conditions réelles avec des pilotes de compagnies aériennes pour pouvoir avoir leur retour sur ce que l’on réalisait, et au total cela a pris plus d’un an » précise-t-il.
Salle avec accès restreint dans un bâtiment sécurisé, connectivité redondante, postes de travail aux multiples écrans pour les agents d’opération, tracking des avions et affichage de la météo mondiale en temps réel, position des différents tracks du jour sur l’Atlantique Nord (…), le CCO d’AKKA ressemble à s’y méprendre à ce que l’on a l’habitude de voir au coeur des opérations des compagnies aériennes. AKKA a clairement ici de grandes ambitions pour son CCO qui peut déjà accueillir une quarantaine de personnes, c’est-à-dire la gestion d’une flotte d’un même nombre d’appareils.
Mais Mikaël Marsal se souvient aussi que l’une des difficultés rencontrées lors de la mise en place du Centre de Contrôle des Opérations était liée au fait que la convention Syntec n’était pas appropriée au travail en 24/7 propre à ce type d’activité, ce qui a nécessité la mise en place de nouveaux accords sociaux.
Plus que des outils, des compétences rares
« Les métiers du Flight Ops sont assez rares, et difficiles à sourcer », témoigne Mikaël Marsal, qui rappelle qu’il faut par exemple huit d’agents d’opération pour une compagnie alignant deux avions, mais le même nombre pour une flotte quatre fois plus importante. « Nous apportons cette flexibilité et cette continuité de service, et nous pouvons apporter un back-up pour les compagnies qui le souhaitent, avec un niveau de confiance important. »
Jennifer Mazieres-Parédé, responsable des opérations techniques Aircraft Support & Operations chez AKKA, se souvient d’ailleurs qu’avant la mise en place de l’AOCC et à la demande de certaines compagnies aériennes clientes, la société avait déjà recruté des agents d’opération qui étaient alors directement positionnés au sein de leur CCO pour répondre à des besoins ponctuels, par exemple pour les grands rushs de l’été. « Cela a duré six mois et nous nous sommes vite rendu compte que les compagnies aériennes souhaitaient finalement embaucher nos agents, mais qu’en plus cela pouvait également être la source de nouveaux services à proposer pour nous », témoigne-t-elle. Elle rappelle d’ailleurs que le métier d’agent d’opération est très contraignant, qu’il connaît un grand turnover, et qu’il existe peu de formations dédiées. « Nous avons un partenariat avec l’ENAC pour avoir les meilleures ressources, avec des agents diplômés, ce qui est un gage de confiance pour les compagnies aériennes clientes » a-t-elle souligné.
Le CCO, une première étape ?
« Notre constat global pour les compagnies aériennes françaises, et plus généralement européennes, est que le point d’équilibre entre un résultat financier positif et un résultat négatif est extrêmement fin. Ces compagnies sont exposées à un très grand nombre de facteurs extérieurs qui impactent leurs résultats », expose Pierre-Yves Lazies, Vice President Aircraft Support & Operations chez AKKA.
Il cite notamment les problématiques réglementaires, la volatilité du cours du carburant, les nouvelles taxes, les effets potentiels du « flygskam ». Et de poursuivre : « Les compagnies aériennes petites et moyennes, nos cibles, sont particulièrement exposées à ces facteurs. Notre analyse, c’est que ces compagnies devront se concentrer sur les opérations de leurs avions, sur le marketing et sur la distribution de billets, car le reste est une contrainte à gérer supplémentaire, avec des variations de charge très importante en fonction des saisons ».
On comprend alors que l’AOCC prend alors tout son sens, d’autant qu’il pourrait bien n’être que la première pierre d’un édifice beaucoup plus important une fois combiné aux autres savoir-faire de l’activité Aircraft Support & Operations d’AKKA. « Nous avons fait 80% du chemin nécessaire à l’élargissement de notre portefeuille d’offres qui pourront être proposées dans le cercle intime de la compagnie aérienne », annonce Pierre-Yves Lazies, qui mentionne par exemple la mise en place possible d’un MCC (Maintenance Control Centre) et son volet logistique, une activité généralement en lien direct avec un OCC dans les opérations quotidiennes d’une compagnie aérienne. Mikaël Marsal ajoute que les compagnies aériennes sont aussi particulièrement demandeuses d’un soutien au niveau des opérations au sol tel que le handling ou le support PN.