Les activités après-vente pour moteurs civils de Safran ont résisté à l’ampleur de la crise l’année dernière et ce sont elles qui décideront sans doute du niveau de profitabilité du groupe aéronautique français cette année. Explications.
Les services pour moteurs civils de Safran, qui génèrent une marge supérieure à celle de la moyenne des activités Propulsions du groupe, ont connu une baisse de chiffre d’affaires de 43% en dollars en 2020. Cette baisse est évidemment importante, mais il faut tout d’abord la relativiser quand on la compare à la baisse des capacités mises en vol par les compagnies aériennes mondiales sur la même période (-51%). Mieux, les compagnies aériennes ont évidemment davantage utilisé leurs monocouloirs que leurs gros-porteurs compte tenu des restrictions sanitaires et des fermetures de frontières et elles ont clairement utilisé leurs avions les plus récents.
Comme l’a annoncé Olivier Andriès lors de la présentation des résultats financiers de son groupe, les cycles de vols des réacteurs CFM56 et LEAP se sont effondrés en mars 2020 pour atteindre un point bas en avril (-80%) puis sont progressivement remontés entre le printemps et l’été et se sont maintenus à un plateau durant pratiquement tout l’automne.
Sur la totalité de l’année dernière, les CFM56 (A320, 737NG) accusent ainsi une baisse de cycle de 43%. Le LEAP, lui n’affiche qu’une baisse de 6% sur la période (la part du LEAP-1B ne joue plus ici) soit à un niveau très proche de celui de 2019. Le directeur exécutif de Safran note d’ailleurs que 80% des appareils en CFM56-5B et -7B ont volé au cours du mois de décembre. « C’est une bonne nouvelle (…) Les compagnies aériennes ont décidé de maximiser l’utilisation de leurs appareils équipés de nos moteurs » explique-t-il.
Olivier Andriès s’est aussi réjoui du très faible nombre d’avions retirés avec ce type de motorisation l’année dernière (60). « C’est beaucoup moins que ce que nous avions envisagé et c’est même moins qu’en 2019. » a-t-il précisé. Par ailleurs, il a également précisé que l’impact sur l’activité des ventes de pièces de rechange neuves avait été contenu grâce à la contribution des moteurs de forte puissance (GE90, CF6) qui équipent notamment les appareils cargo ainsi que les Preighters (avions cargo auxiliaires).
Évidemment, les activités après-vente pour moteurs civils de Safran vont essentiellement dépendre du redémarrage du trafic qui devrait vraiment commencer à se matérialiser à partir du troisième trimestre. « Nous sommes certains que le transport aérien va reprendre et que les services après-vente vont reprendre avec lui » annonce le directeur général du motoriste et équipementier français.
Le niveau d’activité des compagnies aériennes à partir de l’été prochain sera crucial, Safran tablant aujourd’hui sur une croissance de ses activités de services pour moteurs civils compris dans la fourchette des 7 à 9% (en dollars). La contribution du LEAP-1B (737 MAX) devrait d’ailleurs commencer aussi à être conséquente avec le retour progressif du dernier monocouloir de Boeing tout au long de l’année. Olivier Andriès a d’ailleurs précisé qu’à la mi-février, 113 exemplaires avaient été remis en services et avaient accumulé quelque 12 000 heures de vol.
Pour le plus long terme, Safran table aujourd’hui sur un retour du transport aérien court et moyen-courrier à son niveau d’avant crise pour 2023-2024. « C’est à cette date que nous voyons pour nous la reprise de l’après-vente pour les activités Propulsions » a-t-il précisé.