L’organisation du soutien et de la maintenance des futurs avions de patrouille maritime P-8A Poseidon de la Bundeswehr se met progressivement en place, alors que l’acquisition de cette plateforme s’annonce maintenant imminente et qu’elle s’oriente finalement comme une solution définitive et non plus intérimaire pour répondre aux besoins de l’Allemagne.
Trois mois seulement après avoir obtenu l’aval des États-Unis dans le cadre d’un contrat FMS (Foreign Military Sales) pour pouvoir exporter son Poseidon outre-Rhin, Boeing vient de signer des accords avec deux sociétés allemandes pour explorer différents axes de collaboration potentielle au niveau de l’intégration de systèmes, la formation ainsi que le soutien et la maintenance des appareils.
L’avionneur américain entend ainsi s’associer à Lufthansa Technik, la division MRO du groupe Lufthansa, et à ESG Elektroniksystem- und Logistik-GmbH (ESG), une société allemande spécialisée dans l’ingénierie et le support de systèmes et équipements pour l’aéronautique civile et militaire, afin de collaborer dans les domaines de la formation et la simulation, la cybersécurité, l’intégration de systèmes, la certification, la conformité environnementale, les systèmes de communication, les attaques électroniques et les systèmes de protection électronique, la maintenance des avions et de leurs moteurs (CFM56-7B), la maintenance équipements, la maintenance prédictive et les services logistiques. Il ne s’agit pour l’instant que d’un protocole d’accord (MoU) et les axes de collaborations seront explorés plus en détail entre les parties une fois le contrat d’acquisition des Poseidon signé.
Pour rappel, le département d’État des États-Unis a donné son accord à la possible vente de cinq exemplaires du Boeing P-8A Poseidon à l’Allemagne le 12 mars dernier. Le contrat, avec le soutien et les équipements associés à la livraison des appareils, est évalué à 1,77 milliard de dollars. Les cinq Poseidon devraient ainsi venir remplacer les huit vénérables Lockheed P-3C Orion de la Marineflieger qui doivent désormais prendre leur retraite fin 2024, soit dix ans avant le planning initial. Ces derniers avaient été achetés à Marine royale néerlandaise en 2005 puis modernisés, mais souffraient d’une faible disponibilité opérationnelle et de coûts de maintenance de plus en plus élevés. Aucun des P-3C n’était opérationnel en janvier dernier.
L’Allemagne devrait ainsi devenir le septième pays au monde à opérer avec l’avion de patrouille maritime dérivé du Boeing 737-800 (et du 737-900 pour sa voilure) et le troisième en Europe (après le Royaume-Uni et la Norvège).
Officiellement, le projet franco-allemand MAWS (Maritime Airborne Warfare System), qui prévoyait de développer une solution commune pour venir remplacer les avions de patrouille maritime lourds des deux pays à horizon 2030-2035 n’est pas encore abandonné, même s’il est aujourd’hui complètement à l’arrêt. Le Bundestag pourrait cependant renoncer à la participation de l’Allemagne dans les tout prochains jours, le programme P-8A devenant alors de fait la plateforme de patrouille maritime de la Bundeswehr pour le long terme.
Lufthansa Technik a évidemment une très longue expérience dans la maintenance des avions commerciaux de Boeing. La société MRO allemande fournit également un support matériel aux avions ravitailleurs KC-767A de l’armée de l’air italienne. « Lufthansa et Lufthansa Technik sont partenaires de Boeing depuis plus de 60 ans. Les entreprises se connaissent et s’apprécient. Ce partenariat est un excellent point de départ pour nous permettre de fournir une assistance technique au plus haut niveau pour ce nouvel avion, si notre client, la Bundeswehr allemande, achète le P-8A », a ainsi déclaré Michael von Puttkamer, responsable des services pour avions spéciaux de LHT, une activité basée à Hambourg.
Quant à ESG, cette société est certifiée pour intervenir sur les appareils et les équipements aéronautiques de la Bundeswehr en lui fournissant des solutions et des services depuis plus de 50 ans. Elle est agréée EASA Part 21 sous-partie J, sous-partie G et Part 145.