Nous ne présentons plus l’entreprise française Dedienne Aerospace, leader mondial dans la conception et de la fabrication d’outillages pour la maintenance des avions commerciaux ainsi que leurs moteurs et autres équipements. Dedienne a d’ailleurs remporté un contrat avec Barfield, filiale nord-américaine d’Air France Industries KLM Engineering & Maintenance (AFI KLM E&M) durant le salon MRO Middle East pour lui fournir ses bancs de test portatifs (GSTE), des outils qui serviront par exemple à calibrer des sondes Pitot ou à vérifier des capteurs de température de moteurs ou d’autres fonctions. Mais ce récent contrat vient surtout confirmer une profonde dynamique…
« Nous sortons de la crise plus fort que nous y sommes rentrés » nous annonce d’emblée Cédric Barbe, le PDG de Dedienne Aerospace. Et même s’il évoque une part de chance pour expliquer cette situation, on comprend vite que rien n’est le fruit du hasard et que c’est une stratégie ambitieuse qui a tout simplement payé. « Nous avons pris la décision de profiter de la crise covid pour nous structurer » expose Cédric Barbe qui ajoute que cela à consisté en deux grandes initiatives. La première a été de développer les capacités de support après-vente auprès de ses clients, avec l’ouverture de six nouvelles filiales avec une répartition homogène sur tous les continents durant la crise. La seconde a été de renforcer les process internes de Dedienne, en même temps que sa chaîne de fournisseurs. « Renforcer la supply chain c’était important, car beaucoup de nos partenaires n’avaient pas beaucoup de travail et nous avons ainsi pu les alimenter, les structurer, les accompagner pendant ces deux années et demie de difficultés pour l’aéronautique » ajoute-t-til.
Dedienne Aerospace dispose maintenant de 18 implantations dans le monde (de nouvelles sont d’ailleurs aussi en cours de création) et de trois sites de production majeurs répartis à Toulouse, à Querétaro (Mexique) et à Shanghai (Chine). « Notre idée est toujours de produire au plus près du besoin » précise Cédric Barbe, qui rappelle au passage que la gamme de produits de Dedienne comprend plus de 200 000 références. La production (Cédric Barbe aime parler en tonnes) est repartie sur des capacités de 1000 tonnes par an pour les Amériques à Querétaro, 2500 tonnes pour l’Europe à Toulouse et 1500 tonnes pour l’Asie à Shanghai.
Quant à la multiplication des centres de réparations, qui réalisent des tests, des calibrations, des réparations, des upgrades sur un très grand nombre de produits, cela permet d’apporter une plus grande satisfaction aux clients. Cédric Barbe cite par exemple le cas de la compagnie aérienne Saudia qui envoyait de nombreux matériels en Europe pour leur maintenance et qui sont maintenant directement supportés depuis le nouveau site de Djeddah. « Nous nous sommes même rendu compte que pour certains clients, le coût des prestations elles-mêmes était parfois plus bas que le transport des matériels, avec à la clé une économie pour le client et une économie carbone pour la planète » se félicite-t-il. Le patron de Dedienne précise d’ailleurs que 70% de l’empreinte carbone de l’entreprise est lié au transport de matières ou au transport de produits. « En produisant au plus près du besoin, nous réduisons de près de 50% notre empreinte carbone, qui est déjà assez faible ».
Ainsi, en ayant renforcé sa supply chain avec une capacité massive de production pile au moment du ramp-up des avionneurs, et en ayant multiplié ses repair-centers aux quatre coins du monde, Dedienne Aerospace est désormais prêt à profiter de la reprise, d’autant que la part d’avions de nouvelle génération dans les flottes va encore croître dans les prochaines années. « Cela a repris très fort sur les monocouloirs et nous voyons la vague arriver sur le wide-body d’ici l’année prochaine, la tendance est exceptionnellement positive » observe Cédric Barbe.
Il rappelle aussi que Dedienne Aerospace est présent sur tous les programmes, et notamment sur l’A350 et l’A330neo. « Le programme qui nous tarde maintenant c’est l’entrée en service du GE9X, car nous assurons le transport des moteurs et nous ne sommes que deux licenciés dans le monde pour le support de ce programme » nous rappelle-t-il. Il nous explique aussi que Dedienne est actuellement en train de constituer des stocks de façon à pouvoir assurer une entrée en service très rapide du 777X. Ces matériels, qui sont notamment liés à la maintenance en ligne et aux quick turns, sont stockés en Europe, aux États-Unis et en Asie afin de préparer les mises en service majeures.
Un autre point abordé par le PDG de Dedienne Aerospace a été la mise en place d’un partenariat avec la société toulousaine ToolLive juste avant le déclenchement de la pandémie, une initiative de digitalisation qui s’est renforcée ces dernières années et qui permet aux clients de directement gérer son parc d’outillages et de connaître l’état de leurs outils lors de leur passage en atelier en quelques clics. Nous avons interfacé ToolLive avec notre ERP et nous arrivons à gagner beaucoup de temps sur nos flux, avec beaucoup de facilité pour la communication et l’information. Le digital est pour nous très important pour notre développement et ToolLive a été un grand apport » témoigne-t-il.
Le patron de Dedienne Aerospace nous annonce enfin qu’une centaine de personnes vont être recrutées dans les deux ans, dont plus d’un tiers en France. Il explique que ces nouvelles embauches représentent évidemment des défis dans le contexte actuel, notamment pour les ingénieurs, les techniciens… « Nous avons adopté une stratégie qui consiste à ne recruter que des jeunes candidats sortis d’école, puis à les former, ce qui représente un investissement de deux ou trois ans » reconnaît Cédric Barbe. Mais Dedienne Aerospace ne fait ainsi pas appel à des cabinets de recrutement qui seraient tentés de recruter chez d’autres entreprises du secteur et qui pourraient d’ailleurs être des clients ou des fournisseurs, ce qui viendrait alors impacter une chaîne d’approvisionnement déjà fragilisée depuis la crise liée à la pandémie. « Nous ne voulons pas venir affaiblir la supply chain, c’est un point majeur » a-t-il souligné.