Revima a logiquement profité de la reprise du trafic du transport aérien l’année dernière, avec un chiffre d’affaires qui a représenté pratiquement 90% de celui d’avant la pandémie. Olivier Legrand, le président du groupe Revima concède que le périmètre n’est certes plus le même, car Revima Asia-Pacific, la nouvelle installation du groupe implantée à Chonburi, près de Bangkok (Thaïlande), n’existait pas encore. « Nous sommes encore un petit peu en deçà sur l’activité de notre vaisseau amiral à Caudebec-en-Caux, mais 2022 a été une année record sur les atterrisseurs, avec 420 jambes, ce qui est un record absolu, et surtout sur les gros-porteurs » a souligné Olivier Legrand qui précise que près de 300 jambes de train d’avions gros-porteurs ont ainsi été révisés l’année dernière.
L’activité liée aux générateurs auxiliaires de puissance (APU) n’est pas en reste avec une nette accélération constatée depuis l’année dernière et notamment sur l’A380. Ce dernier représente une part importante de l’activité de Revima, non pas en volume, mais en chiffre d’affaires unitaire, « le plus élevé de tous nos produits » note-t-il. Olivier Legrand nous explique aussi que le groupe a bénéficié de la licence perpétuelle acquise auprès de Pratt & Whitney Canada sur les petits APU, qui sont également montés en puissance en l’année dernière. Il nous indique également que le phénomène de rattrapage n’a pas vraiment été significatif sur l’activité. « Dans certains cas avant la crise, pour les trains d’atterrissage, des compagnies aériennes anticipaient les déposes calendaires du fait de la taille de la flotte, mais cet effet de rattrapage a été à la marge ».
Mais 2022 a aussi celle du démarrage opérationnel du site de Chonburi, avec une mise en route « un peu poussive » en termes de dynamique commerciale durant la première moitié de l’année, mais bien plus forte dans la seconde moitié avec la reprise post-covid d’un certain nombre de pays qui se sont rouverts, à l’exclusion de la Chine. « Avec la réouverture des frontières, nous avons vu une volonté forte des compagnies aériennes à remettre en service des avions qui étaient en stockage et qui ont donc généré de l’activité pour nous puisque certains événements avaient été repoussés du fait de la crise du covid ». Olivier Legrand constate désormais une reprise beaucoup plus forte pour la région Asie-Pacifique qui était à la traîne de l’Europe et bien sûr des États-Unis qui avaient redémarré en premier.
« Pour nous, 2023 c’est une année qui se présente encore avec une croissance extrêmement importante. Nous devrions connaître encore une année record sur les trains, avec une accélération forte en termes de production en Thaïlande et une stabilité a Caudebec-en-Caux, ainsi qu’une accélération qui continue sur les APU » estime le président du groupe Revima.
« En 2023, l’enjeu pour nous n’est pas la charge, mais la capacité à la réaliser »
Olivier Legrand explique aussi que la remise en service quasi complète de la flotte d’A380 d’Emirates va contribuer à cette accélération sur les APU, tout comme pour l’activité liée à l’accord de licence avec Honeywell sur les APU GTCP131-9A (familles A320 et A320neo) et GTCP131-9B (familles 737 NG et 737 MAX) avec un certain nombre de nouveaux contrats remportés l’année dernière et qui vont bénéficier à Revima cette année. Olivier Legrand ajoute aussi que le site de Revima implanté à Saint-Ouen-l’Aumône va également connaître une belle année de croissance grâce au transfert de certaines activités et grâce à un nouveau contrat avec le groupe Safran sur certains moteurs, tant civils que militaires. L’activité liée aux avions ATR sur les PW127 revient également à des volumes proches de 2019.
Mais pour le président du groupe Revima, la reprise est maintenant accompagnée d’autres défis et « en 2023, l’enjeu pour nous n’est pas la charge, mais la capacité à la réaliser ». Il cite évidemment les difficultés en termes de supply chain, mais aussi en termes de recrutements, particulièrement importants en région parisienne avec d’autres industries en concurrence sur les ressources, dont les grands donneurs d’ordre. « Les difficultés de recrutement, c’est un vrai sujet et c’est un facteur limitant en termes de croissance » reconnaît-il. Pour la chaîne d’approvisionnement, Olivier Legrand nous explique aussi que l’impact est plus important sur l’activité APU que sur celle des atterrisseurs, avec une part matière et remplacement de pièces beaucoup plus importante.
Un autre défi de taille qui est venu s’ajouter est l’hyperinflation, une conséquence de la guerre en Ukraine et qui touche toute l’industrie. « Aucune formule d’escalation de coûts n’avaient été prévus dans nos contrats et l’enjeu, comme pour nombre d’autres acteurs dans le secteur, c’est de pouvoir répercuter une partie de ces augmentations » nous annonce-t-il. L’augmentation des coûts de l’énergie a également durement touché Revima et en particulier sur l’activité liée aux trains d’atterrissage, du fait des installations de traitement de surface et de la taille même des bâtiments à chauffer.
Olivier Legrand nous révèle d’ailleurs que Revima a été très volontariste sur le sujet et ne s’est ainsi pas contenté de répercuter l’augmentation des coûts sur les clients, avec des actions en interne destinées à limiter la hausse de sa facture énergétique, et qui n’étaient pas pour certaines facile socialement (baisse des consignes de température, mais compensée par des vêtements adaptés pour les compagnons et les opérateurs). Le groupe a aussi investi dans des matériels moins consommateurs en énergies (éclairage, isolation, portes d’accès…) et optimiser l’organisation du travail. Toutes ces initiatives ont permis de réduire de 25 à 30% la consommation d’énergie. Mais pour Olivier Legrand, « aujourd’hui la plus grande préoccupation des clients c’est qu’ils soient soutenus en temps et en heure dans leurs opérations, et vu les tensions actuelles sur la supply chain, si on arrive à tenir nos engagements de délais et de qualité, ils seront satisfaits, ce qui n’est pas le cas dans l’industrie ».
Olivier Legrand rappelle par ailleurs que Revima a pris le partie de ne pas licencier ni de faire plan social en France ou à l’étranger durant la crise liée à la pandémie, une stratégie visant à être prêt pour la reprise, avec des compétences en place. « Cela a évidemment eu un coût qu’il a fallu assumer durant la crise, mais je pense que Revima est plutôt bien positionné en termes de maintien de compétences et de ressources par rapport à d’autres acteurs qui ont fait le choix de s’ajuster très vite à la crise.» Et de conclure : « Aujourd’hui, notre plus gros sujet c’est la supply chain APU ».