Les célèbres appareils de transport à rotors basculants ne volent plus depuis le 6 décembre, sur décision conjointe de ses trois opérateurs dans l’armée américaine (US Air Force, US Navy et Corps des Marines) suite au dernier accident du 29 novembre près de l’île de Yakushima, au large du Japon, qui avait fait huit morts. Le Japon a évidemment fait de même avec ses 14 appareils.
Les différentes versions du V-22 Osprey ont été impliquées dans dix accidents majeurs depuis la mise en service des premiers exemplaires en 2007, dont quatre accidents ayant entraîné des victimes en seulement deux ans. Le programme a déjà connu des immobilisations temporaires, parfois même très longues comme celle de 18 mois consécutifs aux deux accidents de l’an 2000 lors du développement du programme.
Le Pentagone aurait finalement identifié la panne mécanique qui a touché le CV-22B de l’US Air Force fin novembre et travaille actuellement à la remise en service des quelque 400 exemplaires de l’armée américaine. Le défaut mécanique pourrait ne pas être lié au problème de « hard clutch engagement » (HCE) identifié sur de précédents accidents entraînés par une perte de contrôle totale, laissant une porte de sortie aux différentes variantes du tiltrotor de Bell et Boeing.
Mais la confiance pour ces appareils à rotors basculants sera dure à retrouver, d’autant que de nouvelles informations font surface concernant cette fois la version CMV-22B opérant sur porte-avions pour remplacer les avions turbopropulsés C-2A Greyhound dans le cadre des missions COD (Carrier Onboard Delivery).
Les nouveaux appareils de l’US Navy étaient en effet sérieusement touchés par un problème au niveau de ses protections contre le givrage. Selon un récent rapport du Pentagone, le CMV-22B n’était pas disponible, en raison de pannes au niveau de nombreux sous-systèmes, et notamment à cause de son système contre la formation de glace, pour 44% des missions prévues.
La formation de glace est évidemment un élément impactant très fortement la sécurité des vols, d’autant que le CMV-22B a été conçu pour effectuer de longues missions, à relativement basse altitude (sauf si tous les occupants sont équipés de masque à oxygène, car pas de pressurisation de la cabine) et donc dans des conditions météorologiques pouvant être particulièrement difficiles.
Le CMV-22B avait décroché son IOC (Initial Operational Capability) en 2021 et sa capacité opérationnelle totale était attendue l’année dernière. En attendant, les 15 vénérables C-2A sont devenus vitaux pour assurer le ravitaillement des porte-avions américains. Leur départ en retraite était annoncé pour 2026, mais tout peut encore arriver…